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le 24/04/1999

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Mylène Farmer A quoi je sers...


Analyse de la chanson et du clip par Charly



Il serait sans doute artificiel de proposer une interprétation littérale d’un texte aussi fort et aussi intuitif que celui d’A quoi je sers…
En effet, Mylène met des mots simples sur un sentiment dont l’expression n’a pas besoin d’artifices pour être compris.
Si A quoi je sers… se termine par des points de suspension c’est sans doute pour exprimer un état de lassitude plus qu’une réelle interrogation métaphysique. Et dans ce cas pas besoin de syntaxe élaborée ni de vocabulaire savant ; juste quelques phrases poétiques qui serviront à communiquer un état mélancolique.
La voix même de Mylène est plutôt lente, venant d’outre tombe, comme si d’une certaine manière elle commençait à se dissiper.
La chanson prend une allure de bilan où Mylène se demande quelle est sa place (« Je cherche en vain ma voie lactée » « Je n’ai pas su me diriger »), son utilité (« Chaque heure demande pour qui, pour quoi, se redresser » « Et qui peut dire dans cet enfer ce qu’on attend de nous ») et si finalement il ne serait pas plus sage d’arrêter de vivre (« Dans ma tourmente je n’ai trouvé qu’un mausolée » « A présent je peux me taire si tout devient dégoût »).
Avant de commencer à interroger la place qu’un tel texte occupe au sein de l’œuvre de Mylène Farmer et surtout la raison de sa composition dans un contexte qui semblait le moins s’y prêter, tournons-nous du côté de l’influence existentialiste qui permet de faire ressortir quelques points intéressants de cette chanson.

Le texte d’A quoi je sers… reflète tout d’abord de véritables doutes sur l’existence de Dieu. Et l’expression « Mais mon Dieu de quoi j’ai l’air » semble plus ressortir  du domaine rhétorique (comme lorsque l’on s’écrie : « Oh mon Dieu » devant un drame sans que l’on soit pour autant croyant) que de la véritable confession. Et même si Mylène s’adresse à Dieu il semble que ce soit à un Dieu sans véritable implication dans nos vies, seulement spectateur, muet, bref, sans véritable secours.
Mylène semble donc être dans un état de délaissement qui n’est pas sans rappeler la philosophie de Sartre qui considère que l’homme est seul « et sans excuses », « jeté là », unique responsable de sa vie dont le sens  ne s’impose pas à lui mais est pris en charge uniquement par  lui-même. Dans la retranscription de sa conférence intitulée L’existentialisme est un humanisme Sartre affirme : « Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait. » N’est-ce pas dans cet état contradictoire dans lequel se trouve Mylène dans cette chanson ? C’est-à-dire entre d’une part, le fait d’exister alors que l’on a rien demandé à personne, et d’autre part, la nécessité de vivre, c’est-à-dire de donner soi-même un sens à sa propre vie ?
Sans Dieu créateur d’une nature humaine, laquelle assurerait le sens de la vie de chacun puisque toute personne serait déterminée par elle, le sens de notre vie est incertain, révisable à tout moment, et sa consistance réside dans la fragilité de son choix. Sans Dieu l’homme est donc totalement libre, c’est-à-dire auteur de ce qu’il a à être.
Quand Mylène pense qu’elle ne sert à rien elle ne fait rien de plus que de vivre cette liberté angoissante, c’est-à-dire d’assumer le fait qu’elle n’est destinée à rien de précis et qu’elle peut tout aussi bien continuer à chanter que de faire quelque chose de totalement différent. On peut donc imaginer que Mylène, en rédigeant ce texte, pointe une angoisse spécifique à l’artiste qui se demande si c’est vraiment cette vie qu’il veut avoir ; bien plus, si même son métier est assez consistant pour donner un sens à sa vie et le préserver de pensées déstabilisantes, mélancoliques, et mêmes maladives (« Poussière brûlante la fièvre a eu raison de moi / Je ris sans rire je vis je fais n’importe quoi / Et je divague»).
Ainsi, se résigner à n’être rien d’important c’est toujours vivre en décalage avec soi-même et se demander sans cesse si le choix qui gouverne notre vie est le bon ou même satisfaisant pour être heureux. Cette liberté, qui s’apparente de près à un véritable fardeau, se fait d’autant plus présente dans le texte avec la répétition de « J’ai peur du vide ». Toujours selon Sartre, le vertige est la situation emblématique de l’angoisse dans la mesure où elle illustre les affres de la liberté. Avoir peur du vide c’est surtout avoir peur de s’y jeter, c’est-à-dire la prise de conscience, devant le précipice, que rien ne m’empêche de m’y précipiter. L’angoisse est donc la peur de soi, c’est-à-dire la reconnaissance de sa liberté qui est telle que je suis tout à fait libre de me jeter ou non dans le vide puisque je suis seul auteur de mes choix. N’est-ce pas une telle angoisse dont parle Mylène ici ? Ne prend-elle pas conscience de sa propre liberté ? Ne trouvant aucun sens à sa vie qui lui préexisterait, ou qui serait pris en charge par un Dieu bienveillant, bref, reconnaissant sa liberté, n’est-il pas compréhensible qu’elle soit elle-même victime de vertige ? Mais de quel vertige ? Celui qu’elle peut avoir devant tous les choix qui se proposent à elle après ses premiers concerts. Et si elle décidait de tout arrêter ? A-t-elle l’étoffe pour maintenir un niveau d’exigence aussi élevé ? Parviendra t-elle à garder un public d’aussi grande qualité ? Va-t-elle continuer ce chemin ou se jettera t-elle dans une vie dénuée de sens et d’intérêt, bref, vide en arrêtant de faire ce métier? Mylène choisira de continuer et trouvera la force de faire les choix qui seront les bons. Mais cela au prix d’un certain sacrifice. Pour continuer, une certaine part d’elle devra mourir.
Ce qu’illustre parfaitement le clip d’A quoi je sers…

Mylène Farmer A quoi je sers

Du côté du clip, on trouve une illustration intelligente du texte. On y voit Mylène se tenir sur la berge d’un fleuve, traverser ce fleuve dans une barque conduite par un homme impassible et mystérieux  pour rejoindre tous les personnages de ses précédents clips. On retrouve ainsi la rivale de Libertine, le capitaine anglais de Pourvu qu’elles soient douces, le marionnettiste de Sans contrefaçon, le fiancé de Tristana ainsi que le « toréador » de Sans logique. Le clip se termine sur la marche de Mylène, entourée de tous ces personnages, dans le fleuve et le retour du « passeur »(dorénavant seul dans sa barque) de l’autre côté du fleuve. Il semble ainsi que le clip d’A quoi je sers… symbolise la fin d’une ère, la mort d’une époque et l’incertitude de l’avenir. On l’a souvent noté dans diverses biographies ou autres interprétations, le fleuve en question pourrait bien représenter le styx qui, dans la mythologie grecque, sépare le monde des morts de celui des vivants. Par ce clip Mylène semble nous faire passer un message : quelque chose se termine, le passé est le passé et on n’y reviendra pas. Mylène nous montre alors sa volonté de ne pas continuer à incarner le même rôle et de ne pas tirer sur les mêmes cordes si elle doit continuer à faire ce métier. Du coup, c’est aussi une certaine partie d’elle qui meurt, avec ces personnages qui ont alimenté le sien. La traversée du fleuve est alors la symbolisation de cette partie d’elle qui meurt avec ce qu’elle a créé par le passé. Le public est averti, si Mylène doit revenir ce ne sera plus la même.
Devant ces images, les fans de la première heure ont pu penser à une mise en image de la décision nette et brutale de tout arrêter. Mylène Farmer meurt avec ses personnages. On ne la reverra plus. La suite nous apprend que Mylène a choisi de « mourir » pour mieux renaître. Et si ce clip est dans le sillage du texte c’est parce qu’il nous montre que Mylène ne s’enferme pas dans un rôle et que tout reste à faire. On l’a vu, le texte insiste sur cette absence d’évidence dans le choix du sens de notre vie, sur l’inutilité nécessairement ressentie lorsque l’on prend conscience que l’on ne s’inscrit dans rien qui nous préexiste mais que le sens de notre vie relève d’un choix hasardeux, quasi gratuit, et que l’on vit alors au même titre qu’une poussière dont l’inconsistance rappelle la nôtre.
Le clip met en scène ce texte puisqu’il rappelle au spectateur que Mylène peut choisir d’arrêter, que son sentiment de n’être rien d’important ne disparaîtra pas aussi facilement après quelques années de succès. En toute honnêteté, Mylène nous informe ici, peut-être aussi, de son insatisfaction. Il y a sans doute mieux à faire, plus de travail à fournir. Ce sentiment d’inutilité trahit alors une certaine déception. Quand on connaît le sens de sa vie c’est que l’on adhère pleinement à nos projets, à ce qu’on aspire. Ici, en disant « je sers à rien du tout », Mylène semble exprimer ses doutes vis-à-vis de son métier. Est-ce vraiment de cette manière qu’elle veut vivre ? Est-ce la bonne façon d’appréhender ce métier ? Le clip nous donne une certaine réponse. Mylène choisit d’envisager les choses autrement. Elle prendra le risque de se réinventer. A la plus grande joie de ceux qui l’accompagneront ou qui la découvriront dans ses prochaine métamorphoses.

On peut dorénavant mieux comprendre l’intérêt de cette chanson à ce moment de la carrière de Mylène. En effet,  en affirmant « je sers à rien du tout » au moment où le sens de sa vie semble le mieux tracé, Mylène a dû en déboussoler plus d’un.  Son dernier album s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires, sa tournée est une réussite, ses clips ont marqué les esprits de manière indélébile et chaque soir de concert elle reçoit un amour démesuré d’un public envié par des dizaines d’artistes. Pourquoi ce sentiment de délaissement ? Il semble qu’une des preuves du talent de Mylène réside justement dans le refus de s’enfermer dans un rôle trop évident de « chanteuse donneuse de rêve. » Ce qu’elle vit chaque soir avec son public est certes intense mais elle veut surtout garder cette distance et cette honnêteté nécessaires à un travail bien fait. Il ne s’agit pas pour elle de se dire que la partie est gagnée, qu’elle a réussi à atteindre une place indétrônable. On sait que Mylène a toujours voulu durer et c’est ce qu’elle nous montre avec cette chanson. Se demander « A quoi je sers ? » à ce moment de sa carrière c’est accepter de prendre du recul sur soi, de rester libre afin de créer à nouveau et de ne pas grossièrement épuiser un personnage et un univers. Ce qui traduit, en passant, un réel investissement et une ambition croissante. Cette chanson est alors une preuve de l’honnêteté de Mylène et de son souci de rester libre pour créer du neuf. D’accepter l’angoisse de la liberté pour rester talentueuse et surprenante. Mylène nous apprend ici qu’elle accepte, et qu’elle acceptera, de mourir pour se dépasser. Et le sentiment des admirateurs de Mylène à son égard est le même que celui de Nietzsche quand il écrit dans le prologue de Ainsi parlait Zarathoustra : « J’aime ceux qui ne savent vivre qu’à condition de périr, car en périssant ils se dépassent. »


Les pages spéciales A quoi ie sers... (histoire, supports, remixes, clip....)


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