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Mylène Farmer - Interview - Paris Match - 20 mars 2008






Première interview avant la mise en vente des places pour les concerts au Stade de France de 2009. Cinq photos inédites de Claude Gassian.


Pourquoi remonter sur scène trois ans après vos derniers concerts à Bercy ?
Parce que je m'ennuie! J'ai besoin de réinventer ma vie... Pascal a dit: "Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans divertissements, sans passions, sans affaires..." Ma raison de vivre est mon métier, le spectacle, le partage. J'ai un tel souvenir de ma dernière apparition à Bercy... Je veux retrouver ce vertige au Stade de France et dans toutes les salles de province. 


Est-ce une tournée d'adieux ?
Je ne sais pas! Même si c'est ma raison de vivre, à chaque tournée, j'ai le sentiment profond et sincère de faire mes adieux! L'idée de m'exhiber représente un tel effort qu'il m'est impossible de planifier l'envie de refaire une scène après une tournée. Mais par respect pour le public je n'utiliserai jamais cela comme un argument promotionnel.


La plupart des chanteurs reviennent à des salles plus intimistes. Vous, vous faites la démarche inverse...
J'aime l'idée de démesure...Même si je reste quelqu'un de pudique, d'humble j'espère! Mais j'ai besoin de l'immense, c'est enivrant. Je ne pense pas que le sentiment de proximité avec le public réside dans la dimension d'une salle. Une émotion reste une émotion, le don de soi reste le même, le désir et la magie sont intacts.


Est-ce un hasard si vous avez choisi la date du 12 septembre, jour de votre anniversaire ?
C'est un pur hasard. Il y a longtemps que je ne fête plus mon anniversaire. L'idée de réunir des personnes pour le célébrer me tétanise! Je devine votre sourire... Quelques dizaines de milliers de personnes - tout au moins je l'espère! - seront présentes au Stade de France... C'est tout mon paradoxe. Mais c'est la vérité, quand je me suis enfin décidée, la seule date disponible était le 12 septembre, un samedi! Je prends cela comme un incroyable cadeau de la vie.


Comment allez-vous construire votre spectacle dans les dix-huit mois qui viennent ?
La toute première réunion aura lieu dans un mois environ. Il s'agit pour Laurent Boutonnat, Thierry Suc et moi-même de pourvoir les postes clés, le décorateur, le directeur de production... Quelques idées sont déjà présentes, mais c'est souvent à l'issue de ces réunions que l'on évoque tous les possibles, le déraisonnable aussi! Puis il faut penser aux costumes, à la lumière, au son, aux musiciens, aux danseurs... Se préparer physiquement...


En 2006, vous avez chanté 13 fois à Bercy et attiré 170 000 spectateurs. Est-ce l'assurance que vous allez remplir le Stade de France sans difficulté ?
Bien sûr que non! La scène n'est ni une science ni une affaire de mathématiques. J'ai longtemps hésité... Quelques personnes bienveillantes de mon entourage m'ont encouragée. Je ne vous cache pas que depuis mon "oui" j'ai le coeur dans la gorge...


Vous n'avez pas fait de tournée en France depuis dix ans, allez-vous enfin réparer cet oubli ?
Il ne s'agissait pas d'un oubli mais d'un choix, certes difficile à faire. J'avais l'opportunité, en restant à Paris, d'offrir quelque chose d'unique, un spectacle "intransportable". Aucune salle en France ne pouvait contenir la structure scénique construite à Bercy en 2006. Mais je peux d'ores et déjà vous dire qu'une tournée est en cours de préparation et que je monterai sur la scène du Stade de Genève le 4 septembre 2009. Et j'en suis très très heureuse.


On annonce un nouvel album. Quelle en sera la couleur ?
Si je le compare avec l'album précédent Avant que l'ombre..., il sera sans doute plus électronique... Avec de nombreux titres "up tempo"...


Depuis plus de vingt ans, vous avez construit votre carrière sur le silence, voire le mystère. Stratégie ou timidité ?
Ma nature profonde est la réserve. J'ai une véritable aversion quand il s'agit de parler de moi... Vous savez, si on y réfléchit, les conséquences de ce silence dont vous parlez sont ou auraient pu être un handicap à toute idée de succès. J'ai pris ce risque parce que je n'avais pas le choix, c'est tout! Même si ce n'est pas l'avis de certains qui pensent en savoir plus sur moi-même, le mot "carrière" ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je suis plutôt instinctive. La vie des autres m'intéresse beaucoup plus que la mienne. Je me confie peu...


Comprenez-vous que ce silence soit parfois interprété comme de l'indifférence vis-à-vis de vos fans ?
J'entretiens avec le public un rapport d'exigence. Je lui demande beaucoup et il me demande beaucoup. Cette relation exige la sincérité. C'est un peu comme un ami à qui vous ne donneriez pas de vos nouvelles et qui respecte ce silence parce que, précisément, il vous connaît bien. Ce silence annonce des retrouvailles encore plus belles...


Êtes-vous fière ou encombrée par le nombre de vos fans ?
Je n'en connais pas le nombre mais j'en ressens leur énergie! Ils m'aident à vivre, me stimulent jour après jour. Il ne peut être question ici de fierté ou d'encombrement, ce serait ramener une relation authentique à une question d'ego. Je trouverais ça triste!


Vous n'avez donné que deux interviews en trois ans, pensez-vous que le seul moyen d'expression d'un artiste soit son travail ?
Dans un monde idéal, oui! L'artiste doit disparaître derrière son art. C'est un devoir d'humilité me semble-t-il. En même temps je suis là devant vous et je réponds à vos questions... Drôle...


Depuis quelques années vous semblez vous dévoiler un peu... Est-ce le signe que vous avez un peu plus confiance en vous ?
C'est plutôt le signe d'une confiance partagée qui m'apaise.


Comment avez-vous rencontré Benoît, l'homme qui partage votre vie ?
Je cherchais un réalisateur de films d'animation... Il est producteur et réalisateur et il est tout de suite tombé amoureux du petit personnage de C'est une belle journée. [Sourire]


Que faut-il faire pour vous séduire?
Je ne sais pas, moi.. m'offrir un fraisier géant? C'est un gâteau que j'adore.


Alain Souchon dit: "On fait toujours la même chanson, seuls les mots changent parfois." Êtes-vous d'accord ?
Oui, on hante toujours les mêmes lieux, seules les personnes avec lesquelles on voyage changent parfois. L'importance c'est que la magie des mots opère.


Le succès est au rendez-vous depuis vingt ans. Comment l'expliquez-vous ?
J'ai lu un jour: "Le succès n'est rien que la permission de continuer." Après vingt ans de chansons et de scène, je mesure le succès à l'envie du public qui n'a jamais cessé. Cela paraît essentiel à mes yeux.


Comment supportez-vous le temps qui passe ?
J'aime beaucoup la phrase de Samuel Beckett: "Ma naissance fut ma perte." Cela fait un bon nombre d'années que cela m'accompagne! Maintenant c'est le temps qui reste qui me préoccupe... Le temps n'est pas mon ami. Quand il est trop long, je m'ennuie. Quand il est trop court, je m'angoisse. Finalement je ne suis pas si facile à vivre. [Sourire]


On vous dépeint souvent comme une artiste mélancolique.
Une part de moi habite la mélancolie et une autre aime aussi le rire et la gaieté. Malheureusement le monde prête plutôt à l'état mélancolique où le bonheur émerge parfois.


Qu'est-ce qui vous rend vraiment heureuse ?
Une main qui se tend, la bienveillance...


On dit que vous vivez avec un orang-outan dans la pénombre la plus complète et que vous ne sortez jamais de chez vous ?
Vous oubliez aussi les tarentules, que je dors dans un cercueil, et que je m'éclaire à la bougie... Cela dit j'adorerais avoir un orang-outan... [Rires]


A vos débuts, la provocation sexuelle a précipité votre succès. Vos images sont plus douces, plus assagies. Vous n'avez plus besoin de provoquer ?
Ne vous inquiétez pas, le prochain album annonce le réveil sensuel d'une femme qui vit avec un orang-outan dans la pénombre la plus complète!


A Bercy en 2006, la scène sur laquelle vous vous produisiez avait la forme d'une croix. Quel rôle joue la religion dans votre vie ?
La religion est une façon parmi d'autres d'élever son esprit. Comme l'art ou la science. Pour autant que la religion soit une proposition et non un asservissement. Mais cette question demeure pour moi d'ordre privé.


Quels rapports entretenez-vous avec la mort et l'au-delà ?
Savoir que sa vie s'achève par une mort sans espoir d'au-delà est un aspect de l'existence, un défi des plus difficiles que la vie nous propose... Cette fatalité me rend forcément mélancolique. Je sais pourtant la non-permanence des choses: il faut vivre à tout prix le moment présent... Mais c'est obsédant et inhumain d'envisager son propre anéantissement et de celui de ses proches! La représentation de la mort dans l'art, sous toutes ses formes, aussi bien dans la littérature, la peinture et la photographie me fascine. J'adore m'entourer de vanités. C'est pour moi une façon de supporter l'insupportable.


Pensez-vous chanter jusqu'à la fin de vos jours ou pourriez-vous abandonner "prématurément" votre carrière ?
C'est une question qui est quotidiennement à l'ordre du jour, alors cela dépend... Comme nous sommes dans un bon jour, j'ai décidé de chanter au moins jusqu'au 12 septembre! Mais je sais que viendra le moment où je ressentirai le besoin de me retirer.


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