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Mylène Farmer - Interview - "Secrets de stars" - France Inter - 02 décembre 1989






Isabelle Quenin : Bonjour et bonne matinée à tous. 10 heures et demi -11 heures et demi sur France Inter. Isabelle Quenin et Secrets de Stars, la seule émission qui consomme une star tous les samedis matin au petit déjeuner. Ma star de ce matin est à l'affiche de Télé Poche depuis lundi. C'est une star que l'on n'entend pas souvent côté radios ou télévisions. En tous les cas, pas depuis un an. Elle vit dans un univers fascinant, mélange de « candeur et de perversion » dixit France Soir. Le Figaro voit en elle « une graine de Lucifer ». « C'est une chanteuse à panache hystérique » affirme L'Huma. Quant aux journalistes de Libé, ils voient en elle « la seule chanteuse française qui a réussi à ‘sadomiser' le Top 50 ». Mylène Farmer, bonjour.
Mylène Farmer : Bonjour.


Isabelle Quenin : C'est quand même tout un programme... Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous inspirez complètement ces messieurs journalistes.
Mylène Farmer : C'est en tout cas le principal.


Isabelle Quenin : Ça vous fait rire tous ces titres ?
Mylène Farmer : C'est un petit peu outrancier quelquefois.


Isabelle Quenin : C'est pas tout à fait vous... c'est même pas du tout vous ?
Mylène Farmer : Si. Il y a des parcelles de moi, certainement. Mais quand c'est projeté à l'avant scène, c'est toujours décuplé et, quelquefois, déformé.


Isabelle Quenin : En tous les cas, on vient de voir là ce que pense de vous la presse, qui sont (sic) toujours avide de bons mots. Tout de suite, on va plutôt écouter ce que pense de vous votre public, grâce à une enquête réalisée dans la rue, parmi vous, par Françoise Thévenet-Colson.


Françoise Thévenet-Colson : Quelle est sa véritable couleur de cheveux ?
Rousse.
Oui moi je crois rousse.
Elle est rousse, je sais, mais sa véritable couleur, je ne sais pas.
Elle est blonde.
Rouge.
Brune.
Roux.
Châtain clair.


Françoise Thévenet-Colson : Côté caractère, vous la voyez comment ?
Obsédée.
Sincère.
Quelque part, un peu fabriquée quand même.
Ingénue, espiègle.
Bourrée de talent.
Pas perverse quand même, mais bien dans sa peau. Non, non bien dans sa peau.
Sincère.
Gentille et cool.
Elle est très cool.
Douce.
Perverse.
Du talent.
Très humaine.

Françoise Thévenet-Colson : Dans quel film pourrait-elle jouer ?
Les hauts du Hurlevent.
Déjà qu'elle a pas l'air très douée pour la musique, le cinéma j'en ai aucune idée.
Elle serait pas mal dans un film... un peu perverse quand même !
Ma sorcière bien aimée.
Autant en emporte le vent.
Moi, je la vois dans tous les films. Elle est vraiment super.
Ma sorcière bien aimée.
Les quatre cents coups.
A bout de souffle.


Françoise Thévenet-Colson : Vous trouvez que c'est une star ?
Non, elle refuse.
Une star ? Ben, quelqu'un de connu, ouais.
Une star, mais toute faite.
Non. Parce que pour moi les stars, pour l'instant ça n'existe plus. Je veux dire, les stars, pour moi, c'était Ava Gardner, c'est toute une époque et ce n'est pas du tout représentatif de notre époque.
Non.
Pour moi non plus, mais c'est quelqu'un de très important quand même.


Françoise Thévenet-Colso: Si c'était un animal, ce serait quoi ?
Un chat.
Un renard.
Un rapace.
Je dirais plutôt une machine. Ce serait plutôt une machine à sexe.
Un écureuil.
Une renarde.
Moi, je dirais un oiseau.
Une féline.
Un tigre.
Une lionne.
Un chat.
Une belette.


Françoise Thévenet-Colson : Dans votre entourage, ce serait : votre petite soeur, votre petite amie, votre meilleure copine ou la fille que vous aimeriez avoir ?
Ma meilleure copine.
Une bonne copine.
Une copine, tout simplement.
Une grande soeur.
Ma meilleure copine.
Ma meilleure copine.
Ma tante.


Isabelle Quenin : Alors Mylène Farmer, là, on peut dire cherchez l'erreur ! A part celui qui voit en vous sa tante, les autres voient en vous leur meilleure copine. Ça vous étonne comme réaction ?
Mylène Farmer : Un petit peu, parce que j'ai eu moi beaucoup de mal à trouver une très, très bonne amie. Cela dit, ça touche toujours, ce genre de propos.


Isabelle Quenin : Pourquoi vous avez eu du mal à trouver une très bonne amie ? Vous devez avoir plein de monde autour de vous ?
Mylène Farmer : Oui. Ce qui ne fait pas forcément la qualité. Moi, j'ai trouvé, en tout cas, mon univers proche et parfait et, celui que j'ai toujours désiré. Mais il est finalement entouré de très peu de personnes.


Isabelle Quenin : Vous vous sentez seule ?
Mylène Farmer : Parfois. Mais je crois que c'est le lot de tout un chacun.


Isaballe Quenin : Vous avez peur d'être rejetée ou mal perçue ou...
Mylène Farmer : (soupir) Mal perçue, j'ai eu peur un peu au début, quand j'ai commencé ce métier. Aujourd'hui, non. Je ne qualifierais pas ça d'indifférence, mais ça m'est presque égal aujourd'hui. C'est à dire que j'ai entendu un mot qui revenait souvent qui est la sincérité, je crois que s'il y a une chose que je peux mettre en tout cas en avant par rapport à moi, c'est cette forme de sincérité. Donc, qu'il y ait machinerie autour, ça, chacun pense ce qu'il veut, ce n'est pas important.


Isabelle Quenin : C'est le plus important pour vous ?
Mylène Farmer : La sincérité ?


Isabelle Quenin : Si vous aviez un trait de caractère, si je vous demandais quelle est votre qualité principale, c'est la sincérité que vous me diriez ?
Mylène Farmer : Non, sans parler de sincérité : de la droiture. Ça, oui, j'en suis convaincue.


Isabelle Quenin : C'est difficile ?
Mylène Farmer : Non. Pour moi, non. Pour beaucoup de gens, ça à l'air difficile, oui. Pour ce métier, c'est... Il faudrait y joindre le mot éthique, aussi. Parce que je pense avoir une éthique de vie et dans mon métier... oui, certainement. Et ça, c'est quelque chose que les gens n'aiment pas beaucoup.


Isabelle Quenin : Cette éthique, vous vous l'êtes forgée, vous vous l'êtes fabriquée vous même depuis longtemps. C'est quelque chose que vous ont donné vos parents, une ligne que vous respectez ou alors c'est quelque chose qui est venu petit à petit, en évoluant dans ce milieu ?
Mylène Farmer : Je crois que c'est moi qui l'ai trouvée toute seule. Toute seule. Et puis, c'est vrai que chaque jour qui passe fait que vous avez des éléments en plus pour réfléchir et puis, pour ordonner et réagir. Maintenant, oui, c'est une construction.


Isabelle Quenin : Et c'est un garde-fou pour vous ?
Mylène Farmer : Oui, probablement. Oui, oui... C'est quelque chose d'essentiel pour moi. Si je dérive un jour et si je m'écarte de ce chemin là, je sais que j'aurai décidé de me perdre complètement.


Isabelle Quenin : On va rester, si vous le voulez bien, dans le caractère, avec des réponses. Alors, on a eu : obsédée, perverse, sincère, fabriquée, ingénue, espiègle...
Mylène Farmer : Je suis tout ça, certainement...


Isabelle Quenin : Gentille, cool, très cool, même et humaine. Si vous aviez à nous faire votre portrait ?
Mylène Farmer : C'est exactement la chose que j'ai du mal à faire, et peut être que je n'aime pas faire du tout. Parler de soi, c'est une chose, c'est vrai, pourquoi j'ai choisi l'écriture ; c'est pour parler de moi, certainement. Mais, ma foi, dévoiler ces choses intimes, c'est quelque chose d'un peu difficile pour moi. Si j'ai quelque chose à extraire en tout cas de tout ça, je...

Isabelle Quenin : Ça serait quoi ?
Mylène Farmer : J'avoue que je n'en sais rien.


Isabelle Quenin : Alors, parler de soi, c'est difficile, mais quand les autres parlent de vous, quelle est votre réaction ? Quand vous lisez, parce que ce que j'ai lu tout à l'heure, tous ces intitulés, c'était des titres d'interviews, enfin des titres de papiers vous concernant, quelle est votre réaction quand vous voyez, quand vous lisez la presse qui vous concerne ?
Mylène Farmer : Elle n'est malheureusement pas... elle n'est jamais indifférente. Je dis quelquefois « malheureusement » parce que c'est vrai que quelquefois ça peut faire du mal. Maintenant, j'ai quand même un recul suffisant pour ne pas être trop égratignée par ça. Mais, moi, j'ai en tout cas ce paradoxe, c'est de lire spécialement les papiers qui font mal. On les relit et on les relit et on les relit et on se demande s'il y a une vérité quelconque. Mais il y a des papiers qui sont tellement méchants que ça en devient drôle, aussi.


Isabelle Quenin : Si on parlait des stars... C'était amusant, parce qu'il n'y en a pas beaucoup qui vous trouvent star. Pas encore. Elle est star quelque part. Mais c'est pas...
Mylène Farmer : J'aurais la même difficulté que ces personnes de donner cette définition d'une star. Moi, je dirais que c'est un état. Maintenant, que les gens ne le perçoivent pas, je ne pense pas que ce soit un problème non plus. J'avoue que ce n'est pas mon souci premier non plus. Ce que je veux, c'est réussir ce que je fais et puis avancer et, j'allais dire 'grimper', oui, et m'élever au maximum dans ce métier et dans des métiers que je découvrirai peut être.


Isabelle Quenin : Parlons mystère et parlons cinéma. Dans quel film auriez vous aimé jouer ? Alors, dans tous ceux qu'on vous a prêté il y avait : Les hauts du Hurlevent, Ma sorcière bien aimée, Autant en emporte le vent, Les quatre cents coups et A bout de souffle, je crois.
Mylène Farmer : Celui qui est le plus dans ma mémoire, ce serait Autant en emporte le vent. Mais, il faudrait que je donne un autre film, un film que je cite souvent : ce serait La fille de Ryan. Là, c'est UN rôle. Quelquefois, on a des bribes, comme ça, qu'on voudrait d'un rôle. Là, c'est le rôle dans son intégralité, c'est celui-ci. Peut-être A bout de souffle, oui.


Isabelle Quenin : Jean Seberg ou Scarlett O'Hara…
Mylène Farmer : Voilà.


Isabelle Quenin : C'est pas mal comme choix...
Mylène Farmer : Quelle prétention !


Isabelle Quenin : Alors, le portrait chinois avec un animal. Là, c'est amusant parce qu'il y a vraiment tout eu : chat, renard, rapace… Alors, il y en a même un, animal : machine à sexe... Ça, c'est quand même surprenant. Il y avait un écureuil, et quand je vous vois ce matin, c'est vrai que vous avez un côté très écureuil... il n'y a pas que pour les cheveux d'ailleurs. Il y avait féline. Il y avait lionne. Je trouvais ça très mignon, le chat et la belette, il manquait plus que les petits lapins. Mais c'est vrai que, la aussi, on a du mal à vous caser. C'est drôle parce que ça à quand même un côté peluche. Ce sont des animaux soyeux.
Mylène Farmer : Oui. J'aime les peluches en tout cas.


Isabelle Quenin : Quel animal auriez vous choisi, vous ?
Mylène Farmer : Volontiers de la famille des souris. J'accepte l'écureuil, c'est charmant.


Isabelle Quenin: Entre l'écureuil et la belette...
Mylène Farmer : Mais oui, il faut quand même une parcelle de belette, parce que je ne suis pas tout le temps douce...


Isabelle Quenin : Vous avez l'air toute douce comme ça, mais, en fait vous n'êtes pas forcément quelqu'un de gentil ?
Mylène Farmer : Il faut toujours dire : « Méfiez-vous du loup qui dort » (sic)


Isabelle Quenin : Tout à l'heure, Carleen Binet, qui est déjà en train de prendre des notes à mes côtés, nous en dira un peu plus sur la ‘gentillesse' de Mylène Farmer. On va écouter tout de suite un disque que vous avez choisi : Jacques Dutronc avec « Il est cinq heures, Paris s'éveille ».


Diffusion de la chanson de Jacques Dutronc, Il est cinq heures, Paris s'éveille ».


Isabelle Quenin : « Il est cinq heures, Paris s'éveille ». C'était Jacques Dutronc. On retrouve tout de suite Mylène Farmer. Jacques Dutronc, c'est quelqu'un que vous écoutiez quand vous étiez petite ?
Mylène Farmer : Oui, absolument, et que j'écoute toujours. Et je regrette en tout cas qu'on ne le voit pas plus.


Isabelle Quenin : Il a une certaine conception du métier, lui, qui est beaucoup plus, je dirais plus cool, tranquille que la vôtre...
Mylène Farmer : Dans la forme. Peut-être pas dans le fond. Ça je n'en suis pas sûre. On ne sait pas comment il vit aujourd'hui, ce qu'il pense et ce qu'il ressent. J'avoue, je ne peux pas répondre pour lui. Je ne suis pas sûre qu'il vive très simplement ses jours.


Isabelle Quenin : Comment vous étiez, lorsque vous étiez petite. Il y avait déjà la grande frange qui vous cachait un peu ?
Mylène Farmer : Oh oui, c'était beaucoup plus long. Ça arrivait au dessus du nez. Comment j'étais ? Toujours ce paradoxe : introvertie , extravertie. Enfin, j'étais toujours partagée entre ces deux sentiments. Relativement solitaire, je pense. Et puis très, très attirée par les animaux.


Isabelle Quenin : Vous étiez fille unique ?
Mylène Farmer : Non, non. J'ai une famille relativement nombreuse. Des frères et sœurs.


Isabelle Quenin : Vous savez que c'est difficile de vous interviewer, parce qu'il faut aller vraiment tirer au plus... Est-ce qu'il y avait un paradoxe entre Mylène Farmer à la maison et Mylène Farmer à l'école ? Est-ce que introvertie - extravertie, ça se jouait sur ces deux tableaux là ?
Mylène Farmer : Ça pourrait, oui, ça pourrait se définir par ça. C'est vrai que j'étais un peu plus turbulente à l'école qu'à la maison. Un besoin, oui, certainement, d'exister très fort à l'école, et c'était pour moi une torture que d'aller à l'école. Mais j'avais ce paradoxe d'arriver une heure avant, parce que j'avais peur d'arriver en retard, et une fois que j'étais assise sur le banc, c'était...c'est du masochisme.

Isabelle Quenin : Est-ce que vous saviez déjà, à ce moment là, ce que vous vouliez faire plus tard ?
Mylène Farmer : Persuadée que je ferais un métier artistique, oui. Maintenant, ça se situait... j'étais quand même attirée par l'équitation. C'est aussi une forme artistique, mais qui était un peu différente... peut-être plus projetée vers les autres. Sinon, c'était plus le théâtre, le cinéma qui m'attiraient beaucoup. La chanson me paraissait beaucoup plus difficile d'accès. Et puis, j'ai commencé par ça.


Isabelle Quenin : Où avez-vous passé toute votre enfance ?
Mylène Farmer : J'ai vécu assez longtemps à Montréal, au Canada. Et ensuite, je suis arrivée dans la banlieue parisienne. Vers Versailles, pour situer un petit peu.


Isabelle Quenin : Et le Canada, ça vous manque ?
Mylène Farmer : Du tout, non. La neige me manque parfois. Mais, pas du tout, non.


Isabelle Quenin : Et votre mode de vie au Canada non plus ne vous manque pas ?
Mylène Farmer : Non. C'était radicalement différent. Mais quand on est petit, on ne se rend pas vraiment compte de ces choses là. Si ce n'est... je me rends compte du passage en fait du Canada à la France qui, là, était assez choquant parce que c'est vrai que le mode de vie est radicalement différent. Les gens ne ressentent pas tout à fait les choses de la même façon. Ils sont peut-être un petit peu moins énervés là-bas qu'ici. Mais je crois que je fais partie des énervés, donc je suis mieux ici.


Isabelle Quenin : Comment ont réagi vos parents quand vous leurs avez dit : « Je veux faire chanteuse » ou, enfin, « Je veux faire dans le spectacle » ? Est-ce qu'il y avait déjà des antécédents dans la famille ?
Mylène Farmer : Non, non, du tout. Non. Je ne l'ai jamais dit, réellement.


Isabelle Quenin : Vous l'avez fait ?
Mylène Farmer : J'ai dit que je souhaitais quitter l'école en tout cas. Et puis après, c'était une prise en charge. Donc, non, il n'y a pas eu réellement de dialogue.


Isabelle Quenin : En fait, vous n'avez pas envie de vous rappeler qu'il y a d'autres personnes qui ont participé à votre conception et à votre construction. C'est vous qui vous construisez toute seule maintenant ?
Mylène Farmer : Non, ce n'est pas vrai. Il y a eu des rencontres qui ont été indispensables dans ma vie. Mais, c'est réellement ma vie d'aujourd'hui. C'est sept années qui sont passées. J'ai rencontré Bertrand Le Page qui est à côté de moi et puis, Laurent Boutonnat, qui est le compositeur. Et ma foi, voilà, c'étaient les rencontres que je désirais, en tout cas, dans ma vie.

(…)


Françoise Thévenet-Colson : A votre avis, chez elle, comment c'est ?
Très grand et très clair.
Folklorique.
Je la verrais bien à la campagne, pourquoi pas.
Moi aussi, parce que j'ai remarqué que dans ses clips, elle avait un peu tendance à mettre en valeur un peu ce qui est ancien.
Sobre, neutre, dans les tons, moi, je dirais noir et blanc.
Western, style western, moi je vois ça comme ça.
Moi, je dis c'est grand et tout blanc.
Un peu comme elle est sur elle, : assez spéciale, excentrique.
Loft.
Original, comme elle est sur scène. Je la vois plus à la campagne.
A la campagne, ouias. Chaud, chaud comme intérieur.
Moderne, un appartement moderne.
Sans beaucoup de meubles et assez original.
Moi, je vois plein de tissus, plein de sofas, plein de couleurs orangées, très chaudes.
Mélange de style, à mon avis.


Isabelle Quenin : Le verdict de Mylène ? Où vivez-vous ? Ça, ça vous amuse beaucoup ? Le côté western, ça, ça vous a plu ?
Mylène Farmer : Oui. (rires) Ce n'est pas moi du tout ! C'est plutôt très sobre. Une personne avait répondu « très sobre ». C'est actuellement rouge et noir. Et ce n'est pas encore quelque chose de très important pour moi que d'avoir une maison.


Isabelle Quenin : C'est vous qui avez quand même choisi votre appartement ou votre maison ? Vous vivez...
Mylène Farmer : Non, non. C'est un appartement. Je n'ai rien choisi du tout. Je suis rentrée dedans et il était comme tel et j'ai voulu garder ça comme ça.


Isabelle Quenin : Il était tout meublé ?
Mylène Farmer : Non, pas meublé mais il était en tout cas… des grandes... comment on appelle ça ?


Isabelle Quenin : Des grandes tentures ?
Mylène Farmer : Des grandes tentures rouges avec des moulures et une très, très grande cheminée. Non, je n'ai pas souhaité en tout cas le changer.


Isabelle Quenin : Vous êtes quelqu'un de casanier, non ?
Mylène Farmer : Oui, relativement. Oui, je...


Isabelle Quenin : Mais alors, c'est drôle. Là aussi, il y a paradoxe, pour prendre un terme que vous utilisez souvent...
Mylène Farmer : Certainement, oui.


Isabelle Quenin : Vous êtes quelqu'un de casanier, mais pourtant ce n'est pas vous qui avez décoré, enfin aménagé, votre appartement. Généralement, quand on est casanier, c'est qu'on retrouve chez soi des choses qu'on y a mises, un cocon.
Mylène Farmer : Je le souhaiterai un jour, mais pas aujourd'hui. Là, j'y vais parce qu'il faut y aller, et pour dormir et pour vivre quand même sa vie, c'est vrai. Mais ce n'est pas quelque chose de fondamental pour moi. Si j'avais réellement à choisir, ce serait une chambre d'hôtel. Mon rêve serait d'acheter une chambre d'hôtel, et il y a quelques hôtels dans Paris qui sont magnifiques.


Isabelle Quenin : Qu'est-ce qui vous plaît ? Le fait que, premièrement vous êtes servie, donc il n'y a pas à faire cuire le petit déjeuner, ce qui est quand même pas mal... (rires)
Mylène Farmer : Ça fait partie des choix, oui. Parce qu'il y a probablement ce manque de racine. Peut-être que je fuis ça, je n'en sais rien. Mais il y a quelque chose d'intemporel dans les hôtels qui est agréable, quelque chose probablement de romantique.


Isabelle Quenin : Ah, c'est très romantique !
Mylène Farmer : Et puis d'échapper peut-être à une réalité, aussi.


Isabelle Quenin : Est-ce que vous aimez quand même un style en décoration ?
Mylène Farmer : Oui, bien sûr.


Isabelle Quenin : Si vous aviez un mobilier à choisir, on le mettrait à quelle époque ?
Mylène Farmer : Si j'avais réellement à choisir, j'aime bien les années 30. J'aime beaucoup. Mais, je crois que je changerais très facilement aussi…


Isabelle Quenin : Est-ce que vous allez emmener quelque chose avec vous dans votre loge à Bercy ? Est-ce que vous avez un fétiche, un grigri ?
Mylène Farmer : Quand j'ai fait le Palais des Sports, justement, Bertrand avait préparé cette loge. Elle était magnifique, elle faisait penser un peu à un décor de David Lean. J'avais des photos de ce monsieur, puisque j'aime réellement et ce monsieur, et ce film. J'avais une photo de Garbo... vous voyez, j'ai aussi mes posters. J'avais des livres. Et puis, quelques objets aussi, mais des choses très, très intimes.


Isabelle Quenin : Vous aimez aussi être prise en charge, que l'on vous guide. Parce que votre appartement ce n'est pas vous qui l'avez choisi, votre loge ce n'est pas vous qui l'avez décorée. C'est amusant, c'est...
Mylène Farmer : Certainement besoin des autres, oui. Est-ce que c'est être lucide ? Je le pense. C'est savoir quels sont ses moyens et puis, savoir ce dont on a besoin. Il n'y a pas de violence par rapport à ça. Je sais que j'ai besoin de certaines personnes et ce n'est pas grave. Tant mieux !


Isabelle Quenin : Tant mieux… Elles sont là, en plus.
Mylène Farmer : Tant mieux. Oui.


Isabelle Quenin : Secrets de Stars avec ce matin Mylène Farmer et, en face de vous, Mylène, cette dame blonde qui scribouille. C'est vrai, Carleen : vous êtes vraiment une scribouilleuse ! Vous avez vu ? Elle n'arrête pas de noircir des feuilles de papier. Ça doit révéler quelque chose psychologiquement, ça ! Alors Carleen, qu'est-ce que l'on peut lire sous la crinière flamboyante de Mylène ?  
Carleen Binet : Des choses très différentes. Bon, sachant que j'allais vous voir, j'ai re-regardé avec mes enfants vos clips. On vous a étudié et j'étais très étonnée de la différence qu'il y a entre ce côté adolescent - androgyne que vous donnez beaucoup dans vos clips et quelque chose de très différent. Il y a une femme qui est mûre, qui est très réfléchie, qui est beaucoup plus posée qu'elle ne donne l'impression et puis, bon, ce qui se dégage d'abord, c'est de l'élégance et de l'aristocratie. De l'aristocratie sur tous les plans, une recherche de qualité. Tout à l'heure, vous parliez de morale et d'éthique, c'est vraiment une éthique personnelle, je pense d'esthétisme. C'est-à-dire que vous voulez être conforme à une image belle de vous- même que vous voudriez donner. Et que tout ce qui serait laid, bas, collant, pas beau, visqueux est à écarter très fortement.
Mylène Farmer : Moi je dirais, c'est l'ordinaire qui est à écarter. C'est vrai que l'ordinaire me fait peur.


Carleen Binet : Oui. Tout vous donne envie de vous élever, c'est très aérien. Et puis, il y a une féminité qui ressort qui, de mon point de vue n'est pas du tout la féminité perverse que vous montrez, qui est, là aussi, une féminité d'élégance, de séduction, d'inquiétude, un petit peu, et pas du tout une féminité de lâcher prise, de centrage sur soi, de sécurité maternante. Il y a des tas de côtés de Mylène. Et puis, il y a le côté de ce front que vous cachez. Alors, pourquoi est-ce que vous cachez ce front qui, pour un morphopsychologue est magnifique. C'est-à-dire, c'est un front de femme intelligente, de femme qui réfléchit, qui est très lucide, qui voit beaucoup de choses, qui, quand ça rebondit sur cette sensibilité tellement vibrante, tellement forte que vous avez, qui doit vous donner une créativité tout à fait énorme. Et, est-ce que c'est le manque de confiance que vous avez encore dans cette créativité qui fait que vous cachez encore ce front ? Vous savez que Colette a gardé son front caché très longtemps et que quand elle est devenue célèbre et qu'elle a vraiment pris confiance, qu'elle s'est dégagée de Willy, elle a dégagé son front, elle a parlé de l'impudeur de son front. Il y a peut être quelque chose comme ça en vous.
Mylène Farmer : Peut-être. Moi, j'ai l'impression que plus je vais avancer et plus je vais cacher mon front. Et , pas le contraire. Je ne suis pas quelqu'un qui m'aime beaucoup physiquement.


Isabelle Quenin : Qu'est-ce que vous vous reprochez ?
Mylène Farmer : Oh... on ne va pas en parler ; ce n'est pas très intéressant. C'est…Je ne sais pas. Je ne m'aime pas. J'ai cette fascination qu'est le miroir. Je peux rester des heures devant le miroir, mais ce sera de la provocation.

Carleen Binet : Vous serez de toute façon toujours exigeante, toujours passionnée, toujours en recherche et en évolution. L'angoisse, le besoin d'évoluer, vous l'aurez toujours. Mais, peut-être avec un petit peu plus de sérénité, quand même.
Mylène Farmer : Peut-être... (rires)

Isabelle Quenin : Qu'est-ce qu'il vous dit, le menton de Mylène ?
Carleen Binet : Il faut voir le menton et l'ensemble. C'est-à-dire un bon petit menton, bien projeté, bien vigoureux sur une mâchoire bien carrée qui lui donne une ambition, mais pas une ambition lourde de bulldozer, d'écraser. Tout à l'heure, elle disait : « Je ne suis pas toujours gentille, de temps en temps je peux mordre ». Mais, je ne pense pas qu'elle mordra jamais en début. Elle a besoin de son indépendance, qu'on la respecte. Et, par contre, si on vient l'attaquer, là, elle va se défendre et elle va mordre, mais si elle est coincée dans un coin. Par contre, elle a besoin de s'affirmer, affirmer ce en quoi elle croit, ce qu'elle croit juste et bien. Et à ce moment là, son petit menton... Mais il y a toujours le revers de la médaille, et le revers de la médaille, c'est cette bouche beaucoup plus tendre, un petit peu enfantine qui fait qu'on a besoin aussi quand même un peu d'être prise en charge, d'être protégée, d'être rassurée dans sa féminité.


Isabelle Quenin : On termine rapidement avec le nez. Là, j'ai vraiment l'impression de mettre... Vous savez, c'est drôle, Mylène, parce que quand je vous regarde, je me dis : « La pauvre, elle est vraiment en train de passer un sale quart d'heure. Je la mets sur le grill. » (rires ) Alors, on termine avec le nez, Carleen.
Carleen Binet : Elle a un nez magnifique. Elle a un nez superbe. Qu'est-ce que j'aimerais qu'elle aime son nez...


Isabelle Quenin : Vous aimez votre nez, quand même ?
Mylène Farmer : Oh non, alors !


Isabelle Quenin : Vous n'aimez pas votre nez ?
CB : Regardez vous dans la glace quand vous parlez à quelqu'un et regardez la vibration de vos narines . C'est deux ailes de papillon qui sont là en train de vibrer, de faire passer une sensibilité extrême. J'espère que vous ferez du cinéma pour pouvoir faire passer cette sensibilité. Il y a quelque chose de Meryl Streep dans vos narines et donc du même style de sensibilité.
Mylène Farmer : Vous êtes trop gentille.


Isabelle Quenin : Mylène, cinq minutes de pause, d'accord ?
Mylène Farmer : Merci.


Isabelle Quenin : Le temps d'écouter un disque. Après il y aura les informations et tout de suite après, bien sûr, on retrouve Secrets de Stars. Le disque, c'est le disque qui vous a fait connaître, « Maman a Tort ».
Mylène Farmer : Oui.


Diffusion de « Maman a Tort » puis du flash info de 11 heures.


Isabelle Quenin : Secrets de Stars avec Mylène Farmer. Mylène, vous serez la semaine prochaine, samedi prochain très exactement, donc le 7 et le 8 décembre à Bercy. Je voulais savoir comment vous vivez cette scène, parce que c'est une salle qui est énorme. Alors, comment est-ce que vous trouvez en vous - vous avez l'air tellement, je dirais, fragile, pudique - comment vous trouvez en vous le ressort de vous catapulter comme ça, sur une scène ? C'est un peu Blandine.
Mylène Farmer : Parce qu'il y a certainement un facteur inconscient qui fait que vous pouvez vous propulser devant 14 000 personnes et, c'est finalement presque la même chose que devant 1 000 personnes. Il y a une part d'inconscience et puis , une énorme force. Et puis, surtout une énorme envie d'y aller.


Isabelle Quenin : Vous avez le trac ?
Mylène Farmer : Bien évidemment, oui. C'est absolument incontrôlable et incalculable.


Isabelle Quenin : Comment ça se passe lorsque vous quittez la scène ?
Mylène Farmer : Ça, c'est un état qui a bien évolué depuis le début. Quand j'ai fait le Palais des Sports, qui était réellement ma première scène, les premiers jours, il y avait effectivement ce phénomène de... On a l'impression qu'on est hors du temps, hors de la vie. Et puis, on est très perturbé pendant deux heures. Après, c'est vrai qu'on est obligé de... Mais pendant cette période, justement, j'ai souhaité, moi, dormir à l'hôtel par exemple. Donc, c'était une manière à moi de vivre ça, aussi, différemment et intensément. C'est étonnant et c'est très complexe aussi à expliquer ce qu'on peut ressentir sur une scène. C'est... J'ai un petit peu de mal à formuler toutes ces émotions. C'est en tout cas une réelle émotion et ce que je sens en tout cas aujourd'hui, je ne le vivrai peut-être pas demain. Et, c'est quelque chose aussi qui angoisse.


Isabelle Quenin : On peut penser donc, la nuit du 6 au 7 et celle du 7 au 8, vous serez à l'hôtel ?
Mylène Farmer : Probablement ! (rires) Peut être. Ou peut être que je souhaiterai autre chose alors, puisque je l'ai déjà vécu. Mais ces deux derniers jours, oui, seront terribles. Terribles d'émotion.


Isabelle Quenin : Je vous propose d'écouter... vous savez que dans Secrets de Stars, il y a une séquence avec un témoin caché...
Mylène Farmer : Oui, je redoute !


Isabelle Quenin : Alors voilà, vous redoutez. Vous avez raison ! C'est quelqu'un qui est proche de vous et qui a accepté très gentiment de nous donner son témoignage au téléphone. Vous allez voir... après, je vous dirai pourquoi j'insiste un peu comme ça lourdement, parce que c'était vraiment très gentil de sa part, vu que ce n'était pas très facile à faire.
Le témoin caché (Mario Luraschi) : J'ai eu l'occasion très sympathiquement de rencontrer Mylène au cours de son clip que nous avons fait, « Pourvu qu'elles soient douces ». Et, au début, on m'avait dit qu'elle montait à cheval et tout. Et, j'ai d'ailleurs été très agréablement surpris de voir qu'elle montait parfaitement bien. Et, après, elle m'avait dit qu'elle avait travaillé avec des chevaux. Elle était venue chez moi essayer les chevaux. Et, au départ je lui avais donné un cheval hyper cool, si on peut dire, que je donne généralement aux comédiens. Et j'ai très vite changé. Je lui ai plutôt donné un cheval qui a beaucoup plus d'allure et qui montait bien. Elle avait tendance à toujours vouloir les grands galops, les choses comme ça. Ça a été très, très sympa. Pendant le tournage du film, on a eu la partie du saut et du démarrage dans les fougères, parce que ça, on voulait le faire très, très vite à cause de la lumière. Et, en fin de compte, ça m'inquiétait un petit peu parce que j'aime bien essayer de voir s'il n'y a pas de problème dans les fougères, parce que quand vous avez des fougères d'un mètre cinquante de haut, vous ne voyez absolument rien, donc il faut passer au triple galop à travers. J'avais peur un petit peu que le cheval butte et qu'elle tombe. Elle, elle me disait : « Mais non, non, ça va aller ». Elle est partie donc du bas et ça a très bien marché. C'est une excellente cavalière !


Isabelle Quenin : Alors , qui est ce témoin caché, dont nous avons bien sûr déguisé la voix ?
Mylène Farmer : Oui,. C'est Mario Luraschi.


Isabelle Quenin : Mario Luraschi. C'est le spécialiste des cascades à cheval et que vous avez rencontré pour le tournage de « Libertine ». (erreur de la journaliste, il s'agit en fait du tournage « Pourvu qu'elles soient Douces » ou « Libertine II », ndlr)
Mylène Farmer : Oui, oui c'est un grand, grand plaisir que de l'avoir rencontré. J'avais le souhait de revenir très souvent chez lui pour monter à cheval, mais c'est vrai qu'il y a eu une coupure après, donc, qui était la préparation de la scène. Et puis après, on se défend de prendre des risques. Mais, c'est quelqu'un, dans son domaine, qui est passionnant. Passionnant !


Isabelle Quenin : Alors là, nous l'avons joint au téléphone, à Vérone, où se déroulait la Fête du Cheval. Alors, je crois qu'il y a 1 700 chevaux qui sont présentés, dont les siens. Et, il part à la fin de la semaine tourner « Lucky Luke » avec Terence Hill. (rires) Vous voyez que la succession est assurée. Après « Libertine », c'est « Lucky Luke ». C'est un de vos grands bonheurs, ça, monter à cheval ?
Mylène Farmer : Oui. Oui. Oui. J'ai voulu en faire mon métier. Je sais qu'aujourd'hui je ne me suis pas trompée. Mais, c'est drôle parce que j'avais... Je me rappelle que j'avais passé cet examen de passage qui est à Saumur, pour passer le monitorat. Et, c'est un examen bien difficile quand on a 17 ans. Et, on m'avait demandé... il y a toujours cette question fatidique : « Pourquoi voulez-vous absolument faire ce métier ? ». Et, j'avais répondu de but en blanc que je souhaitais créer un centre hippique pour handicapés et, c'est quelque chose qui les avait laissés cois. Et, j'ai compris que je ne ferais jamais ce métier, de toute façon.


Isabelle Quenin : On vous a préparé une petite surprise. Quelqu'un de votre entourage a cafté et nous a dit que vous aviez beaucoup d'admiration et de sympathie pour un chanteur qui s'appelle Jean-Louis Murat.
Mylène Farmer : Oui.


Isabelle Quenin : Par exemple, il y a un titre de Jean-Louis Murat qui est « L'ange déchu » que vous avez écouté très, très, très souvent et que vous connaissiez pratiquement par cœur. Alors nous, bien sûr, machiavéliques, on s'est dit : « On va lui passer un extrait de « L'ange déchu », on va shunter, on va couper... »
Mylène Farmer : Ça, c'est très méchant parce que je...


Isabelle Quenin: Et, Mylène Farmer vous allez enchaîner en direct...
Mylène Farmer : Je ne connais pas par cœur du tout.


Isabelle Quenin : Vous pouvez fredonner ?
Mylène Farmer : On peut essayer.


Isabelle Quenin : On peut essayer ! On essaye ?
Mylène Farmer : Je n'aime pas ça !


Diffusion d'un extrait de la chanson de Jean-Louis Murat, « L'ange déchu »

Mylène Farmer : Ça va être terrible pour lui ! Je ne connais pas cette chanson par cœur, je suis désolée. J'aime l'auteur en tout cas, j'aime l'interprète.

Isabelle Quenin : Alors, est-ce que c'est quelqu'un vers qui vous êtes allée un jour ?
Mylène Farmer : Non. Non. J'ai souhaité en tout cas lui envoyer un mot pour lui dire que j'aimais ce qu'il faisait. Mais là, une fois de plus, on a, peut être à tort, un peu de pudeur et, j'ai un petit peu de mal à le faire. Mais, je le formulerai d'une façon un autre jour, certainement.


Isabelle Quenin : Et si lui vous écrit un petit mot ?
Mylène Farmer : Mais j'en serais ravie ! (rires)


Isabelle Quenin : Et bien voilà. Jean-Louis Murat qui a écouté, qui doit être tout dépité, piteux, qu'en fait vous n'ayez pas pu enchaîner en direct sa chanson...
Mylène Farmer : Non ! Qu'on me pardonne. Vraiment qu'il me pardonne... mais c'est...


Isabelle Quenin : Alors Jean-Louis, si vous pardonnez à Mylène, vous lui envoyez un petit mot. Voilà ! On va écouter, alors là, ce n'est pas une surprise, je n'arrêterai pas le disque, je ferai rien d'autre... c'est Kate Bush et Peter Gabriel en duo avec « Don't give up ». C'est un de vos choix.
Mylène Farmer : C'est peut être la plus belle chanson que j'ai jamais entendue…


Diffusion du duo Kate Bush & Peter Gabriel, « Don't give up ».


Isabelle Quenin : Kate Bush et Peter Gabriel, « Don't give up ». Qu'est-ce qui vous plaît le plus, Mylène, dans la chanson : c'est la mélodie ou c'est le mariage des deux voix ?
Mylène Farmer : Je crois que c'est une osmose. C'est le texte, c'est la mélodie, c'est l'interprétation, les interprètes. Et puis, il y avait un clip qui était d'une sobriété magnifique. Et puis, c'est probablement ce à quoi j'aspire. C'est faire passer une émotion. Je crois qu'il n'y a que ça qui compte, pour moi.


Isabelle Quenin : C'est quelque chose, c'est une chanson que vous auriez aimée enregistrer et faire ?
Mylène Farmer : Oh, je ne suis pas sûre. J'aime l'entendre. Je crois que là, il y a vraiment les interprètes rêvés, en tout cas pour cette chanson. Mais, c'est magnifique, oui !


Françoise Thévenet-Colson : Que pensez-vous de son look ?
Fallait y penser. Ça n'avait pas encore été exploité comme filon.
A part dans ses clips, je ne sais pas trop comment elle est en fait. Je vais dire... je suppose que dans la vie elle s'habille aussi un peu comme ça, peut être.
J'adore !
Il est bien. J'aime bien.
Ouais, ça va, elle le cultive, c'est bien.
C'est bien.
Ça lui correspond, je trouve.
C'est justement ce que j'aime chez elle.
J'aime beaucoup, j'aime bien son look, oui.
Elle a du goût, et c'est original. Elle sort des autres stars.
J'aime bien.
Je ne changerais rien.


Isabelle Quenin : Mylène Farmer, que pensez-vous de votre look ?
Mylène Farmer : Je ne sais pas si j'ai un look. J'aime, en tout cas, j'aime les habits. J'aime m'habiller et c'est quelque chose, si j'ai une réflexion à faire par rapport à ça, c'est que je déplore qu'on n'ait plus, que les gens n'aient plus réellement envie de bien s'habiller mais dans n'importe quels lieux... Même en télévision, puisque c'est en tout cas ce que l'on regarde le plus facilement. Les gens se négligent un petit peu trop, je trouve. Est-ce qu'il faut parler de respect ? Je n'en sais rien. Moi, j'en ai un pour les personnes qui vont me regarder. J'en ai un pour moi aussi. Donc, ça fait partie de ma vie. Donc, je ne sais pas s'il faut parler de look. Maintenant, c'est effectivement une recherche quant à la façon de s'habiller parce qu'on va faire attention à mille choses, à des couleurs, probablement à un style. En tout cas, ça, ça fait partie intégrante de ma personnalité.


Isabelle Quenin : Alors si vous le voulez bien, on va demander à France Gadéa qui est à mes côtés ce matin, qui est notre lookeuse, de vous donner non pas quelques conseils, mais de faire quelques réflexions sur la silhouette de Mylène. Comment pourrait-on l'habiller différemment ?
France Gadéa : Je vais d'abord parler de l'image que je reçois d'elle, parce que bon, je ne peux rien construire sans ça. Et puis, bon, c'est ce côté elfe de la mythologie scandinave qui me va très, très fort et donc, ce génie aérien qui symbolise le feu, l'air, la terre, le monde végétal, surtout. Il ne faut pas qu'elle change en fait... parce que c'est un 'anti-look', ça c'est sûr. Elle est entourée de mystère, mais c'est un mystère bénéfique. En fait, les gens n'aiment pas trop ne pas savoir à qui on a affaire, et avec elle, c'est très fort. C'est bon, ça. Et donc, elle le respecte et qu'elle respecte ce côté, ce compromis qu'elle est, entre le rêve et la réalité. Alors, donc, on a envie de l'habiller (...) des vêtements qu'elle pourrait mettre pour elle,. C'est le côté qui respecte la poésie, l'émotion qu'elle est, avec cette simplicité originelle, cette discrétion, avec des tissus qui se drapent, qui se superposent en s'enroulant autour du corps pour glisser, fluides... longue, une silhouette longue qui glisse, et utiliser aussi des mélanges de matières... des contrastes entre le mat et le brillant, ombre et lumière, le côté opaque, transparent, pour mettre en harmonie tout le vêtement en mouvement. Ça, c'est important, parce que ça reste toujours très subtil et très poétique, en fait. Ça, c'est pour le look. Elle peut s'habiller dans les pastels poudrés. Pastels poudrés qui lui iraient parfaitement dans ce style de tenues, un colimaçon qui bouge. Là où on avait envie de délirer, c'est sur son côté elfe... parce que, ça, c'est très, très fort... elle a vraiment le visage, elle a tout. Et, on avait envie de la déguiser, enfin de la déguiser, ça c'est du délire, de lui proposer une tenue à base d'un body en maille métal or jusqu'aux pieds avec des manches avec des gants incorporés. Et, par-dessus, un petit gilet très court, sous la poitrine, plutôt rigide, carcan, mais doux... en velours, par exemple, dans les tons feuilles mortes, avec de grandes manches qui pendouillent, un peu dans le style manches moyenâgeuses... en organza par exemple, dans les tons grisés, dans les tons noirs dorés. Elfe, mais il faut qu'elle garde cette part de rêve et c'est très important qu'on ne la devine pas. Parce qu'en fait, quand elle parlait d'anti-look, ça, c'est très fort pour moi comme je la vois. Pour moi, son costume de scène qu'elle a, c'est vraiment l'archétype. Ce n'est pas du tout un look. C'est Colombine, Pierrot... C'est comme les comédiens autrefois qui enfilaient un masque ou une défroque. Ce sont des personnages uniques, puis 'pouf', on passe à autre chose et encore autre chose. Il faut qu'elle garde ce côté-là qu'on ne saisit pas. Elle est elle. Et puis, si elle peut le garder longtemps. Ça, c'est exactement ce qu'il lui faut.


Isabelle Quenin : Mylène : vous vous sentez d'attaque pour le body métallique jusqu'aux pieds, avec les petits...
Mylène Farmer : Moi, je suis prête à tout ! Je veux bien voir quelle silhouette j'aurais... La plus belle silhouette, en tout cas que j'aime, on y revient toujours, c'est celle qu'avait Katharine Hepburn, justement... elle avait... qui n'a rien à voir avec la deuxième partie. J'aime ce côté qui est finalement très, très sobre mais qu'on pourrait qualifier finalement de masculin mais, ce sont toujours des pantalons avec des choses qui sont très pastel en général aussi et qui sont très, très féminins. Enfin, pour moi, ça c'est vraiment la représentation d'une grande classe, en tout cas. Maintenant, les excentricités, je pourrais les aimer aussi...


France Gadéa : C'est une ambiance, une atmosphère à respecter. Ce côté pastel poudré, le côté colimaçon du tissu qui bouge... le côté opaque brillant... ce côté là qui ondule, en mouvement est important avec des pastels poudrés (…)
Isabelle Quenin : Est-ce que vous aimez vous déguiser, changer de costume, surprendre ?
Mylène Farmer : Ce genre de déguisements, non. Je les effectue d'une autre façon, mais pas dans le vêtement, non.

Isabelle Quenin : Les vêtements, ça vous passionne ? Vous êtes capable de tout pour aller trouver un vêtement ?
Mylène Farmer : Oh oui ! Je l'ai fait ! J'aime bien aller vers les créateurs. Je préfère d'ailleurs aller moi, de mon propre chef, que le contraire. J'ai travaillé, là, sur la scène, avec Thierry Mugler et c'était assez passionnant.


Isabelle Quenin : Je sais que vous avez une folie : ce sont les chaussures !
Mylène Farmer : Oui ! (rires)


Isabelle Quenin : Je sais même que vous avez fait 200 kilomètres un jour pour aller jusqu'à Anvers pour trouver une jeune femme qui dessine, qui fait des chaussures absolument somptueuses.
Mylène Farmer : Oui. Et, qui a un nom que je n'arrive pas encore à prononcer ! (rires) Mais je les ai aux pieds, d'ailleurs. J'adore les chaussures. Est-ce que c'est révélateur de quelque chose ? Il y a beaucoup de formules sur les chaussures. Je ne sais pas... Vous allez peut-être pouvoir me le dire ?


France Gadéa : On dit toujours qu'il vaut mieux avoir une belle paire de pompes et un beau bagage et de négliger le reste, parce que de toute façon on est tout de suite catalogué. Et ça, c'est symptomatique . On n'a pas peur d'un gars en jean avec des cheveux longs huileux et dégueulasse si on regarde ses pompes et qu'elles sont propres ou originales, quelque part, on n'a pas peur. Donc, important quand même, c'est révélateur : les chaussures et le bagage. Le reste, on s'en fout !
Mylène Farmer : Bon, je vais faire des progrès côté bagage, alors ! (rires)
Isabelle Quenin : C'est l'accessoire qui compte !


Diffusion de « A Quoi je Sers… ».


Isabelle Quenin : « A Quoi je Sers », c'était Mylène Farmer. Un titre que vous allez chanter, donc, la semaine prochaine.
Mylène Farmer : Oui.


Isabelle Quenin : C'est dans quel ordre ?
Mylène Farmer : Dans le spectacle ? Elle se situe en milieu de spectacle, donc ça doit être à peu près la sixième ? Il y a quatorze chansons, donc la sixième (petite erreur de Mylène, le spectacle comportant alors quinze chanson et « A quoi je sers... » étant la neuvième interprétée, ndlr). La façon dont nous on a envisagé cette scène, c'était très important que de finalement réécrire une histoire avec déjà des petites histoires. On a essayé de faire évoluer un personnage, qui est le mien, de faire évoluer, oui, un personnage dans la vie. Donc, ça commence par « L'Horloge », et puis il y a « Plus Grandir », etc. Comme on aurait pu envisager la construction d'un scénario, finalement.


Isabelle Quenin : Le scénario n'est peut-être pas très loin, d'ailleurs. Qui sait ?
Mylène Farmer : Ça... On verra...


Isabelle Quenin : Rendez-vous le 7 et le 8 décembre donc à Bercy pour Mylène Farmer. Merci d'avoir passé cette heure en notre compagnie.
Mylène Farmer : Merci à vous.


Isabelle Quenin : Ça va ? C'est bien quand ça s'arrête, hein ? C'est comme le dentiste !
Mylène Farmer : Ne me dites pas ça ! (rires)


Isabelle Quenin : C'est bien quand la fraise s'arrête ! (rires) A bientôt, Mylène !
Mylène Farmer : Merci à vous ! Au revoir.


Retranscription le 16 mars 2013

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