Les années L’autre… et Dance Remixes

France Soir, le 13/04/1991

Je me sens plus douée pour flotter dans le chaos que pour nager dans l’éventualité des lendemains qui chantent. Toujours ce vieux sentiment d’échec qui me poursuit. Et je ne tiens pas à ce qu’il s’en aille. J’aurais trop peur de ne plus rien avoir à dire. Mais ce qui a changé, c’est de ne plus avoir envie de m’appitoyer sur moi-même et de régler de vieux comptes.

France Soir, le 13/04/1991

Ces images dans le clip d’enfants meurtris que j’incite à s’évader de prison pour se retrouver dans une immensité effroyablement vide, c’est bouleversant mais pas triste. Finalement, c’est beau comme le romantisme. Mieux vaut la liberté, quitte à s’apercevoir qu’elle est vaine, plutôt que la condition de brimés et de mutilés.

France Soir, le 13/04/1991

J’ai eu envie de parler de mutilation, et puis l’association Agnus Dei est venue toute seule. Mais Dieu, je ne connais pas. Peut-être que c’est ça, ma mutilation.

OK !, le 15/04/1991

C’est encore un peu confus. Mais on est forcément transformée quand on fait de la scène. Écrire était très important pour moi. Mettre maintenant un visage sur mon public m’intéresse et m’impressionne. Tout à coup, il y a une correspondance.

OK !, le 15/04/1991

Ce qui m’a surprise, c’est la chaleur et la capacité d’émotion. Je m’aperçois qu’il est aussi difficile pour un public que pour soi-même d’aller au-devant de ses émotions. Il s’est laissé aller comme moi je me suis laissée aller sur scène.

OK !, le 15/04/1991

Je me considère comme faisant partie d’une telle génération désenchantée. Mais il s’agit ici d’un portrait narcissique. Cela n’engage que moi. Je dirais que cette génération n’a plus grand-chose à perdre, n’a plus grand espoir. Ou l’on se révolte, ou l’on pousse un cri. En tout cas, je ne crois pas qu’il y ait un sens pessimiste, à savoir qu’aujourd’hui on a conscience des choses et de ses propres désillusions. On les assume finalement.

OK !, le 15/04/1991

Le désespoir fait partie de mes thèmes de prédilection, comme la tristesse, la mélancolie. On ne change pas. Je pense que c’est encore pire aujourd’hui, mais géré et ressenti d’une autre façon. J’ai un regard un peu différent sur la difficulté de vivre.

OK !, le 15/04/1991

Il était infiniment doué. Je l’aimais réellement. Comme interprète aussi. On met toujours en avant les albums qu’il a fait pour les autres. J’adorais sa première période Poinçonneur des Lilas et ses albums conceptuels très beaux.