Mylène Farmer - Interview - Le Parisien - 31 mai 1996
-
Date31 mai 1996
-
Média / PresseLe Parisien / Aujourd'hui en France
-
Interview parAlain Morel
-
Fichier
-
Catégories interviews
L'intégralité de cette interview sera publiée dans "Ciné Télé Revue".
Le Parisien : Votre nouveau show est très spectaculaire...
Mylène Farmer : Je crois que je n'éprouverais pas de réel plaisir à être seulement derrière un micro. Mes envies de scène passent par ce goût du show à l'américaine, de "performance", de polyvalence.
Une performance qui requiert une sacrée condition physique. Vous la cultivez ?
J'ai fait appel à un préparateur physique, Hervé Lewis qui m'a surtout entraînée à l'endurance. Un peu de course à pied, de musculation, des massages et un régime alimentaire à base de sucres lents.
On vous dit végétarienne ?
Je ne mange pas de viande, mais plus par goût que par convictions diététiques ou morales.
Qu'est-ce qui vous a décidée à revenir sur scène ?
Mon nouveau disque, le sentiment d'avoir fait le plein de sang neuf et la longueur de ces années sans le public.
Votre prestation semble plus généreuse, chaleureuse et optimiste, sensuelle aussi, qu'avant...
J'ai un peu changé de peau, je vous l'accorde volontiers.
A quoi dont-on cette évolution ?
Je me méfie du mot évolution. Je lui préfère épanouissement. Depuis mon dernier disque, j'ai passé quatre ans à réfléchir, à me détacher de certaines choses, à ne m'attacher qu'au moment présent, à m'oublier au profit de l'autre, des autres.
Voilà enfin cette sérénité qui, jadis, n'était pas votre fort ?
La sérénité, je ne l'ai pas atteinte. J'ai encore trop de chaînons manquants et je crains que le doute soit mon éternel compagnon de route. Mais, aujourd'hui, je remplacerais bien le cynisme par l'humour. J'ai acquis des certitudes comme celle du partage et je suis heureuse de terminer mon spectacle par un morceau d'espoir.
Qu'avez-vous pensé des gens du métier qui vous disaient "finie" ?
Les gens du métier, je ne les vois pas. Mon disque marche très bien. Tant mieux.
Pensez-vous que l'image qu'on a de vous est juste ?
Il y a fatalement des erreurs. Ne serait-ce que parce que le succès vous fige dans l'instant et parce que toute vision partielle est frustrante. Mais il ne faut pas trop s'attarder sur soi. Je communique avec les gens, je les ressens et je crois qu'au sortir de scène, je suis heureuse.
Qu'est-ce qu'on ne sait pas de vous ?
Que je ne sais pas du tout cuisiner. (Rire.)
A trente-cinq ans dans quelques mois, nettement mieux dans votre peau, n'aimeriez-vous pas devenir maman ?
C'est vrai que la prolongation de moi m'est devenue tolérable. Aujourd'hui, effectivement, je crois que j'aimerais avoir un enfant.