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le 18/04/2011

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Mylène Farmer - Interview - Le Mag - MCM - 08 juin 1996






Interview enregistrée dans les loges de Bercy le 01er juin 1996 avant le deuxième concert parisien du Tour 1996.


Christian David : Bonjour. Bienvenue dans "Le Mag". Aujourd'hui, je ne suis pas sur le plateau habituel, je suis dans les loges de Bercy pour un mag spécial avec Mylène Farmer. (à Mylène) Bonjour.
Mylène Farmer : Bonjour.


Merci d'être là. C'est parti "Le Mag". Tout de suite : générique.


Générique


Ben, bonjour. Je suis vraiment content de vous rencontrer parce qu'on se connaît pas, on s'est jamais vus. Alors, je voudrais déjà qu'on parle un petit peu de la conception de l'album - très très court parce que je voudrais qu'on parle surtout du show. Je voudrais savoir : le son, où vous avez été chercher ce son particulier qui a dans cet album qui est très... très moderne ?
Probablement Los Angeles, le fait de travailler avec des musiciens de là-bas. Quant à des désirs en tout cas de guitares, ça, ça vient plus de la maison (sourire). Voilà.


Donc y'a quand même une certaine évolution musicale entre le dernier album et celui-ci. Et je voudrais savoir comment c'est apparu, comment ce désir est venu d'avoir quelque chose de plus radicalement dur, musicalement.
Euh... L'envie d'avoir des guitares, essentiellement. Moi, pour être restée assez longtemps aux Etats-Unis, je crois que ça influence. (silence) Et puis, peut-être une évolution naturelle dans le fond.


Une envie peut-être, oui, de choses plus dures. Je trouve que l'album a une tendance un peu, un peu rock quand même, on peut le dire.
Là j'en reviens encore, je crois que l'apport des guitares - (dans un petit rire) je vais me répéter - je crois que c'est important pour le son, oui.


L'envie de moins de machines ? Parce qu'il y a quand même eu beaucoup de travail sur les machines sur les albums précédents...
C'est vrai que je l'ai beaucoup fait. Et c'est vrai que j'avais envie de choses un peu plus 'live', comme on dit.
 

Plus humaines ? C'est plus humain un son de guitare joué par quelqu'un quand même...
Il se passe autre chose, c'est vrai. Mais j'aime bien les deux.


Extrait de Alice sur scène


Je voudrais qu'on passe à la section show. Parce que moi je m'interroge - je n'ai pas vu le show encore, je vais le voir ce soir. Je voudrais savoir comment on arrive à reproduire le son merveilleux que vous avez sur cet album qui a un son studio énorme. Est-ce qu'il est semblable... Est-ce que vous avez réussi à trouver ce son sur scène ?
Oui. Il y a des musiciens qui sont vraiment formidables. Je suppose qu'on dit ça à chaque fois qu'on fait une tournée ou un album, mais là, j'avoue que j'ai une chance énorme. Ils sont pour la plupart, si ce n'est la totalité en fait, américains...


(La coupant) Oui, il y a juste un clavier français.
Oui, absolument, qui est Yvan Cassar, qui est le chef d'orchestre...


Qui est une base, qui est la sécurité.
(dans un large sourire) Oui, oui, oui. Et... Que puis-je dire d'autre ? Les musiciens français sont très bons musiciens; on n'est pas en train de faire des séparations...


(la coupant toujours) Mais enfin c'est juste que vous avez passé beaucoup de temps à Los Angeles, c'est peut-être normal de ramener sous le bras ces musiciens américains.
Voilà. C'était plus simple, oui. J'ai également des danseurs qui sont de New York. Donc c'était plus simple aussi pour les répétitions. Enfin, à tout point de vue, c'était plus simple que de prendre des musiciens de là-bas. Mais en tout cas, ils jouent merveilleusement bien, et c'est vraiment un support énorme pour moi.


Il y a sept ans que vous n'avez pas fait de scène, c'est quand même beaucoup (Mylène confirme). Alors, est-ce qu'il y a une difficulté à remonter sur scène ou, finalement, c'est vraiment tellement l'envie elle est là que ça se fait tellement comme ça ?
(souriant) Vous avez la réponse. C'est plus ça. C'est la vraie... c'est un vrai, vrai désir. Et spontanéité, je crois.


Alors j'imagine qu'il y a eu beaucoup d'émotion. Hier, j'ai des amis qui vous ont vue et qui m'ont dit que, bon il y a un show très technique, très beau, très bien fait, mais il y a quand même beaucoup d'émotion. Et ça, je trouve que ça colle aussi à votre personnage. C'est important de l'avoir même sur scène.
Ça, c'est quelque chose que j'espère ne jamais perdre, en tout cas cette émotion... que me procure le public, dans le fond. Et moi, j'essaie de donner autre chose que justement des choses très établies, très structurées.


Est-ce qu'après sept ans d'absence, est-ce que c'est pas un peu difficile... Quel public on va retrouver ? Est-ce qu'on va retrouver son public ? Est-ce qu'on a réussi à reconquérir d'autres gens ? Est-ce qu'on se pose ces questions-là quand on arrive à un ou deux jours, voire le jour même, sur scène ?
Dans la mesure où plusieurs personnes, avant même, vous posent cette question : "Mais quel est votre public aujourd'hui ?", j'avoue que j'y ai pensé moi-même, que je l'ai un petit peu entraperçu sur l'album - des visages nouveaux (sourire). Et ma foi, là, j'ai un public, je crois, plus d'hommes aujourd'hui que je ne l'avais avant. (large sourire)


C'est une bonne nouvelle (rire).
C'est une bonne nouvelle (sourire). Mais en tout cas, un public vraiment chaleureux. J'ai une chance énorme pour ça, vraiment !


Extrait du making of du clip California.


L'image est parfois violente. Je vois dans les clips : vous mourrez, vous faites mourir quelqu'un d'autre que vous, souvent (petit rire de Mylène). Et j'ai entendu dire que vous avez lu un livre qui vous a un petit peu travaillée, un petit peu bouleversée. Donc, est-ce que ça a à voir avec le fait que vous vivez intensément et de ce que vous avez envie de faire passer par l'image, ce que les gens peuvent recevoir ?
J'aime les choses fortes. J'aime les choses qui sortent de la normalité. J'aime les sentiments forts donc c'est... Maintenant, quant à répondre à votre question, "est-ce que j'aime ou tuer ou être tuée ?", ça, ça fait partie de...


(la coupant) Sans psychanalyse (rire de Mylène), sans psychanalyse.
Je joue moins peut-être aujourd'hui les victimes, par exemple. Je m'en suis rendue compte dans les clips de cet album. Faisant référence au dernier clip, avec Abel Ferrara, quand on a parlé donc du sujet du clip, je voulais, moi, interpréter une prostituée, et il m'a demandé : "Mais quel type de prostituée ?". Je lui ai dit :"‘Pas une victime. Je ne veux pas être une victime dans ce clip" (large sourire).


Vous êtes quand même une victime dans ce clip puisqu'elle meurt cette prostituée.
Oui, mais c'est au-delà de ça. J'ai l'impression, moi, de porter autre chose en tout cas. Quand j'ai rencontré - parce qu'il y a des prostituées dans la vidéo...


(la coupant) Ah, ce ne sont pas des comédiennes ?
Non, pour la plupart, ce sont de réelles prostituées. Et, j'ai eu ce sentiment qu'elles n'étaient elles-mêmes pas des victimes, qu'elles avaient réellement choisi leur métier. Où est la vraie vérité, la réalité ? Je n'en sais rien. Mais... une sensation de liberté, en tout cas, dans leur métier.


Extrait du making of du clip de California


Alors sur scène, je voudrais qu'on vienne à la scène, j'imagine qu'il doit y avoir une scénographie, une chorégraphie (Mylène confirme), des décors... Est-ce que c'est vous qui choisissez... est-ce que c'est une totale liberté sur ce travail-là ?
Bien sûr ! Heureusement ! Oui, oui, totale liberté, total contrôle, et surtout total plaisir - c'est bien plus intéressant que le contrôle lui-même. Et là encore, chaque département, c'est vraiment important, aussi bien l'image, cette idée de l'écran, et puis toutes les surprises qui se passent pendant ce spectacle. Chorégraphiquement, j'ai fait appel... J'ai moi-même quelques chansons qui sont chorégraphiées, donc, par moi. Et j'ai fait appel à deux autres chorégraphes : un qui est français, et qui est sur scène également, qui est un des danseurs (Christophe Danchaud, ndlr), et puis un autre qui vient des Etats-Unis qui a illustré, donc, une chanson (Jaime Ortega pour Et tournoie..., ndlr).


Est-ce que c'est pas difficile, pour vous, de… Je voudrais qu'on parle un petit peu maintenant du contact avec les journalistes, la presse, les médias. C'est très rare que vous accordiez des interviews. Et là, d'un seul coup, vous avez, j'ai l'impression que vous avez envie de parler aux gens. D'où c'est venu ? Est-ce que justement cette liberté de travail, cette envie de revenir, sept ans d'absence font que, d'un seul coup, on a envie de raconter aux gens ce qu'on a fait, ce qu'on est en train de faire, et ce qu'on a envie de faire ?
Je crois, en tout cas pour ce spectacle, là ça s'est fait relativement spontanément. J'avais envie de parler de ce spectacle, c'est vrai. J'avais envie de... oui, de faire partager ça avec les personnes qui m'aiment bien.


Alors, est-ce que ce spectacle a plus d'importance, au niveau, je veux dire, personnel, de ce que vous avez pu donner dedans, par rapport à ce que vous avez fait auparavant pour avoir, peut-être, envie d'en parler plus ? C'est peut-être quelque chose qui vous correspond davantage, à l'heure actuelle, c'est-à-dire au moment où vous en êtes là, dans la carrière ?
En tout cas, au jour d'aujourd'hui, oui. Oui, je puis dire que je suis en parfaite osmose d'avec ce spectacle.


Vous êtes heureuse donc ? Parce que c'est vrai, on a toujours tendance à dire :"Oui, Mylène Farmer est quelqu'un d'un peu...". Parce qu'on ne vous entend pas beaucoup, on ne vous voit pas beaucoup, donc évidemment il y a questionnement tout le temps sur la vie des gens quand ils parlent pas trop. Vous êtes quelqu'un de plutôt positif, optimiste ?
Optimiste, je ne pense pas. Positif, oui, j'essaie de l'être. Et ça, c'est ma quête d'aujourd'hui - essayer de, oui, de rendre les choses un peu plus faciles, un peu plus vivantes, et de ne m'intéresser qu'au moment présent. Et, dans le fond, c'est ça, il me semble, la vraie force que moi j'ai pu trouver, et que n'importe qui peut trouver. C'est essayer de ne plus être envahie par les... ni par un passé qui peut être ou encombrant ou douloureux, et essayer de ne pas trop se projeter dans le futur qui est toujours une source d'interrogations ou de grands vertiges, donc c'est... Voilà, c'est, moi, la réponse que j'ai trouvée, c'est vivre le moment présent et essayer de comprendre que c'est important.


Long extrait de Je t'aime mélancolie sur scène.


Je voudrais qu'on parle un peu des clips parce que, ça, c'est important. Y'a aussi une image vidéo très, très importante - c'est même des films, c'est pas vraiment des vidéos très classiques - depuis Libertine jusqu'à California. Je trouve qu'il y a vraiment un gros travail de fait. Est-ce que ça, c'est important pour vous l'image, de travailler l'image ? Est-ce que c'est aussi un côté artistique que vous exploitez chez vous ?
Oui, j'ai eu la chance, moi, de...


(la coupant) Comédienne, un peu quand même ?
D'abord l'idée de jouer, oui, est quelque chose que j'aime. J'aime l'image. J'aime le cinéma profondément. J'ai eu la chance de... J'ai commencé ce métier il y a près de douze ans, je crois, le clip commençait d'être quelque chose d'important pour la chanson. (silence) Que puis-je dire ? J'ai eu la chance de travailler avec Laurent Boutonnat, donc d'avoir quelqu'un de grand talent, et à la fois d'idées et de conception. Et c'est quelque chose que j'aime toujours faire.


Maintenant, c'est devenu tellement habituel. C'est comme un support normal...
C'est vrai.


...On sort une chanson, on fait un clip. Et, des fois, c'est tellement vide... Et je trouve que ceux-là ont toujours eu un gros travail, pas forcément en rapport avec la chanson, mais qu'il y a toujours un plaisir, je pense, d'artistes - comédiens et réalisateurs - dans ce que vous faites au niveau images ?
Ça, ça fait partie, je crois, de, là encore on va parler de désirs, c'est-à-dire de ne pas se dire :"Tiens encore une chanson, encore un clip". Mais, à chaque fois, de ré-envisager la chose, et de se dire que c'est toujours aussi important. Et ça l'est réellement pour moi.


Diffusion du clip intégral de Sans logique.


Alors moi, je voudrais reprendre ce que vous disiez tout à l'heure par rapport au présent, et l'angoisse du futur : c'est vrai que tant qu'on a du plaisir, le présent est important. Et là c'est un présent qui va durer puisque la tournée est assez longue. Il est question que vous reveniez...
(elle le coupe) A Bercy.


…à Paris à la fin du mois de juin. Et peut-être même à la rentrée (Mylène confirme très discrètement). Donc est-ce que c'est pas un peu, en même temps, inquiétant d'avoir cette longue haleine de route à avoir devant soi comme ça ?
Je crois que la tournée est relativement courte. J'ai, je crois, vingt-deux dates. Souvent, les artistes font des tournées de quatre/cinq mois. Donc, moi je l'ai voulue relativement courte pour essayer de ménager la... là encore, j'en reviens à la spontanéité et l'idée du vrai plaisir, et non pas de la répétition et de...


(la coupant) Vous ne voulez pas rentrer dans une habitude, un cercle où finalement on ne s'en sort plus et on finit par faire le show comme si on allait faire n'importe quoi d'autre ?
Oui. Oui. J'ai toujours un peu peur de ça. Donc c'est pour ça que je prends beaucoup de temps avant de remonter sur scène, ou même de faire un album. C'est plus riche comme ça pour moi.


Est-ce qu'il est question d'un album live ? Il n'y a rien qui existe de vous en live (Mylène ne rectifie pas l'erreur). Moi je trouve que vous avez tellement d'intensité, d'être dans cette tournée, que ce serait peut-être le moment d'en faire un (sic!) ? 
Il y en aura un, oui.


Ah, ben ça c'est une bonne idée (re-sic!).
D'ailleurs, le spectacle, ce soir est filmé. Et l'album sera fait justement aujourd'hui.


Vous prenez beaucoup de temps pour préparer un album, beaucoup de temps pour préparer un spectacle, mais qu'est-ce que vous faites sinon quand vous êtes pas Mylène Farmer sur scène et en studio (petit rire de Mylène) ? Qu'est-ce que vous aimez bien faire dans la vie ?
J'aime bien voyager. J'aime bien lire. J'aime bien… (silence) On va s'en tenir à ces deux choses (rires).


D'accord. On n'ira pas plus loin (rires). Qu'est-ce que vous pensez des gens qui parlent... Est-ce que vous lisez beaucoup les critiques ? Est-ce que vous portez de l'attention à ça ou pas du tout ?
Pas du tout serait un mensonge. Mais le moins possible en tout cas.


Est-ce que vous avez appris à vous blinder ? Est-ce qu'il y a une fragilité qui s'est un peu échappée au fil des temps ? Ou est-ce que vous avez toujours gardé un petit côté... où des fois où finalement ça pique, ça fait un peu mal, quoi, et qu'on a envie de tout casser et d'aller taper sur la tête des gens qui écrivent des choses horribles ?
Blindé, je crois qu'on ne l'est jamais et tant mieux. Maintenant, relativiser, ça fait toujours partie de cette même chose, c'est-à-dire prendre des distances, ça oui, sérieusement.


C'est important ?
C'est important oui.


Ben merci beaucoup de nous avoir accueillis dans votre loge.
Merci à vous. Merci.


Donc on rappelle qu'il y a une tournée qui dure jusqu'à peu près ? (silance de Mylène) Rô !
Je ne sais pas (rires).


(après avoir entendu une réponse de Thierry Suc, manager de la chanteuse, depuis derrière les caméras) Jusqu'à fin juin. Et bien on va vous voir sur scène, d'accord ?
D'accord !


Merci d'avoir été là.
Merci beaucoup.


Au revoir Mylène, merci beaucoup.
Au revoir.


"Le Mag", c'est fini, on se retrouve demain avec autre chose (sic!).


Source restranscription : Magazine Inside Of Référentiel des TV - Editions Why Not - 2007


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