Les années Bleu Noir et 2001-2011

Paris Match, le 02/12/2010

La seule chose importante est d’aimer et d’être ­aimée. C’est bien la seule certitude que j’ai aujourd’hui. Et la beauté ­dépend du regard que l’on pose sur les gens. Quand ce regard est celui de l’être aimé ou tout simplement celui de la bienveillance, il agit comme un baume enchanteur. La chance qui m’est donnée de vivre en harmonie avec ce que je fais est alors mon secret de beauté, c’est un lien fragile que je m’efforce à la fois de remettre en cause et de protéger.

Paris Match, le 02/12/2010

Souffrir d’un manque de confiance en soi, d’une timidité qui vous fait parfois passer pour quelqu’un de distant, de froid, n’est pas un atout majeur pour faire un métier public. Pourtant, depuis longtemps déjà, je n’ai eu d’autre choix que de dépasser mes peurs, les surmonter, n’en être pas – ou plus – l’otage. Quand j’y pense, c’est d’une violence inouïe de dépasser ce handicap… Seules les personnes qui sont de vraies timides peuvent ­comprendre ce par quoi l’on passe pour y parvenir.

Paris Match, le 02/12/2010

Je ne me suis en aucun cas ­éloignée de Laurent. Après la tournée et les concerts au Stade de France, il s’opère une effrayante descente aux enfers malgré le succès, un vide sidéral, un manque. Vous recevez tant d’amour, de vibrations, autant de sensations qui vous donnent l’envie… d’écrire. Laurent a tout à fait compris mon besoin de créer. C’est aussi ça, la complicité. Nous nous retrouverons pour le prochain ­album.

Paris Match, le 02/12/2010

Cet ­album, comme son titre, Bleu noir, l’indique, passe de la lumière au sombre puis à l’obscurité. Ou l’inverse, je ne sais plus.

Paris Match, le 02/12/2010

Je m’adapte à de nouvelles ­manières de travailler si tant est que l’on respecte ma « bulle », mes ­silences, autant que je respecte moi-même l’autre. Je suis quelqu’un de solitaire. Mais j’ai aussi un grand ­besoin de l’autre et je réfute le terme ‘recluse’…

Paris Match, le 02/12/2010

Quand j’étouffe, je prends un train, un avion, et vais voir d’autres cieux… C’est une ­liberté, une chance inestimable de pouvoir voyager quand j’en ressens le désir ou la nécessité.

Paris Match, le 02/12/2010

Face à un paysage de neige, je suis émue. J’ai grandi au ­Canada, je suis certaine que cette ­attirance pour les paysages immaculés vient de là-bas. Le grand froid a un parfum très particulier, un son qui lui est propre. J’ai retrouvé cette même émotion quand je suis allée en Russie découvrir Saint-Pétersbourg, en plein hiver. Au bord de la Neva, ses canaux gelés… on guette Catherine II de Russie…

Paris Match, le 02/12/2010

La Corse est mon refuge. Le jour venu, la tentation pourrait être la Toscane. M’apaiser devant des ­collines d’oliviers et de vignes.

Paris Match, le 02/12/2010

Je n’ai pas de biographe, c’est certainement pourquoi ce sont les mêmes clichés qui sont écrits. J’ai entendu parler de bain de jus de tomate, qui m’aurait conduite à une « phobie attractive » du sang, et de lit-cercueil. Je crois que tous les fantasmes me font ­sourire quand il ne s’agit pas de mes proches ou de ma vie privée. Pourtant, quand on me rapporte les médisances d’un animateur de jeu télévisé, quant à mon prétendu play-back sur scène, je finis par me demander si je ne préfère pas l’histoire tout aussi fausse du jus de ­tomate. C’est ­impressionnant de voir à quel point certaines ­personnes se sentent grandies en dénigrant, en tentant de blesser… Il s’agit bien souvent de gens qui rêveraient d’une vie ­meilleure. Encore faut-il en être à la hauteur. Je crois à la vertu de la décence. La critique est nécessaire ; la grossièreté, inutile.

Paris Match, le 02/12/2010

Le moment ­présent m’importe. Laisser une trace… dans le cœur de quelques personnes, j’espère que oui.