Je m’ouvre doucement, instinctivement à l’art moderne et contemporain. J’aime la peinture abstraite parce que j’y lis ce que je veux ; on ne m’impose rien. C’est comme tomber amoureux de quelqu’un : on ne sait pas qui est vraiment « l’Autre » mais on a soudain envie de le connaître, de percer son mystère tout en sachant qu’on n’y arrivera jamais complètement.
J’ai une fascination pour les abstractions de Michaux et les toiles surréalistes de Marx Ernst. Je retrouve l’enfance, la magie du secret et de l’indéfini à travers leurs œuvres. La peinture est un viol ; on s’y ouvre ou pas ; lorsque le viol se transforme en amour, c’est magnifique. J’aime aussi passionnément la peinture d’Egon Schiele. J’aurais pu être son modèle. Lorsque je me regarde dans un miroir, j’ai l’impression d’être une de ses rousses écorchées. Il a tout compris, jusque dans la manière de signer ses toiles. Il y a sans cesse en lui un mélange de vie et de mort, comme s’il avait été conscient qu’il disparaîtrait à vingt-huit ans.