23 décembre 2018 – 9

Ça faisait très, très longtemps que je voulais travailler avec Jean-Baptiste qui était très, très occupé. Et quelques années plus tard, trente ans plus tard, je rencontre enfin Jean-Baptiste Mondino qui me dit : « Oui, je veux ». J’avais le titre, je lui ai dit : « Voilà, je voudrais que cet album s’appelle « Désobéissance ». À quoi penses-tu ? ». Et j’avais en tête également, sans le lui dire, que de retrouver des codes un peu anciens, avec cette silhouette. Et puis il s’est dit : « Désobéissance, il y a cette désinvolture, je te verrais bien rentrer de la guerre ». Donc, il pensait peinture. Je lui ai dit : « J’adore cette idée’. Il m’a montré après, on appelle ça des moodboards – vous savez, on vous présente quelques idées, des évocations – et je lui ai dit : « C’est une direction magnifique pour moi. J’adore ! » Et là, je l’ai laissé faire. Il est entré dans mon univers. C’est quelqu’un qui dit de lui-même qu’il se met à la place de l’artiste avant de penser à lui comme photographe. Et puis voilà, après c’est un truc au millimètre. C’est-à-dire que la pose, par exemple, dans le fauteuil, il prend très, très peu de clichés, mais c’est quelqu’un qui va travailler très longtemps l’inclinaison du pied, de la jambe, où est-ce qu’on va mettre le sabre, à terre. Il m’a demandé également si je pouvais rapporter des vanités, donc je lui ai amené la tête de mort, je lui ai amené un aigle royal, etc. Donc tout s’est fait ensemble, mais malgré tout, c’est quand même lui qui a eu cette idée principale de faire un tableau. Il s’est dit : « Sortons du Louvre et amenons le spectateur – je ne sais pas comment on va le nommer – et voyons ça sur une pochette. Amenons-le non pas dans un musée mais dans la rue, dans un magasin ».