Marc Bessou
présente en début
d'émission les différents invités.
Marc Bessou : (…) En
bout de rangée, c'est Mylène Farmer. Bonjour ! Mylène
Farmer : Bonjour.
Marc Bessou
: On écoutera Tristana, bien sûr et puis
également, on vous passera à tabac ! C'est
l'expression, enfin ça va pas très loin, hein ! Mylène
Farmer : Oui, j'aime beaucoup (rires)
Diffusion d'une
séquence dans laquelle Mylène
chante Tristana
sur le plateau accompagnée par ses deux danseuses. Puis,
l'animateur interviewe Mylène.
Marc Bessou
: Voilà, Tristana, Mylène Farmer. Je
sais pas pourquoi, mais ça amuse beaucoup vos petites
danseuses qui sont là (il désigne un endroit hors
champ) et qui regardaient le tournage. Mylène
Farmer : Elles sont
indisciplinées, ça ne va pas ! (rires)
Marc Bessou
: C'est incroyable, ça ! Comment s'appellent-elles ? Mylène
Farmer : Alors il y a Sophie Tellier et
Dominique (Martinelli, ndlr) qui sont danseuses, qui sont choristes,
qui aiment le cinéma... Beaucoup de choses !
Marc Bessou
: D'accord. C'est la première fois que vous faites
une chanson avec elles ? Mylène
Farmer : Absolument, oui, oui. C'est la
première fois que j'ai des danseuses derrière moi.
Marc Bessou
: Et pourquoi ? Ça correspond à quoi ?
C'est pour habiller, pour étoffer ? Mylène
Farmer : Non, c'était une envie
parce que c'est un bel ensemble. Par plaisir, tout simplement !
Marc Bessou
: Ce qui a beaucoup marqué dans ce que vous avez
fait, c'est les clips, on vous l'a dit souvent, notamment Libertine. Mylène
Farmer : Oui...
Marc Bessou
: Là, pour Tristana, vous gardez cette
présentation plus scénique ? Vous avez pas envie
de faire une histoire ? Mylène
Farmer : Si, si ! C'est en
préparation : on va tourner le clip dans une semaine,
maintenant. On va aller dans le Vercors, puis y aura du studio
près de Paris, donc encore...
Marc Bessou : Il y
aura vos petites copines qui sont là ? (les deux danseuses,
ndlr) Mylène
Farmer : Il y aura une des deux - malheureusement, il
n'y a pas deux rôles - qui est Sophie, donc, qui
était la rivale dans Libertine.
Marc Bessou : Ah
d'accord ! La méchante ! Mylène
Farmer : Et qui sera là une tsarine
très méchante, encore ! (rires)
Marc Bessou
: Dites-moi, si j'ai bien compté, si j'ai bien tout
compris, ça fait cinq 45 tours, non ? Mylène
Farmer : Ça doit être
ça, oui...
Marc Bessou
: Hein, quelque chose comme ça ? Mylène
Farmer : Oui.
Marc Bessou
: Et puis un album ! Mylène
Farmer : Et un album ! Et le prochain, on le
prépare, là.
Marc Bessou
: J'ai lu, j'ai appris ça, je suis un peu
embêté de l'apprendre qu'aujourd'hui d'ailleurs,
que vous étiez née au Canada. Mylène
Farmer : Absolument. À Montréal.
Marc Bessou
: Mais vous êtes française ! Mylène
Farmer : J'ai les deux nationalités.
Marc Bessou : Ah
c'est vrai ? On le dit jamais, ça ! Mylène
Farmer : Ça n'a pas grand
intérêt, peut être, je ne sais pas !
(rires)
Marc Bessou
: Parce que généralement, les canadiens,
c'est quand même très typique si vous voulez,
l'accent... (l'animateur parle avec l'accent canadien) Mylène
Farmer : Oui, mais je
préfère laisser mon accent de
côté. Que je n'ai jamais eu d'ailleurs !
Marc Bessou
: Bon. Et ces cinq 45 tours qui se sont
succédés en quoi, deux ans et demi, à
peu près ? Mylène
Farmer : Oui, c'est ça. Deux,
trois ans.
Marc Bessou
: Comment vous vous êtes lancée
là-dedans ? C'est toujours la même question, mais
c'est toujours amusant de savoir ce qui amène les gens
à s'exhiber, en quelque sorte. Mylène
Farmer : Oui. Moi je réponds
c'est une bonne étoile au-dessus de ma tête, c'est
une rencontre avec deux personnes, qui sont donc... enfin, qui
étaient, puisque maintenant je n'ai plus qu'un producteur et
compositeur, et puis ma foi après, c'est du travail, du
plaisir et puis la chance !
Marc Bessou
: Quand on fait une chanson qu'on a beaucoup aimée,
beaucoup vue, donc Libertine, avant, est-ce que c'est
à la fois plus facile pour produire autre chose, mais y a
toujours le danger que ça plonge après, non ? Mylène
Farmer : C'est-à-dire la fameuse
expression : "On vous attend au tournant", effectivement. Cela dit,
c'est
aussi quelque chose d'agréable de proposer quelque chose de
nouveau et de différent. Je sais pas bien quoi vous
répondre ! (sourire)
Marc Bessou
: Mais y a une chose que vous devriez faire, à mon
avis. Mylène
Farmer : Dites-moi !
Marc Bessou
: C'est... vous devriez avec vos disques mettre une notice
explicative parce qu'on ne comprend pas toujours, c'est toujours assez
allusif, vous voyez ce que je veux dire ? Mylène
Farmer : Oui...
Marc Bessou
: Par exemple la première chanson, il y a des
générations de gens qui se sont
essuyés le front pour essayer de comprendre ce que vous
disiez dans Maman a tort, ce que vous vouliez dire. Mylène
Farmer : Dans Maman
a tort ?
Marc Bessou
: Et là, Tristana c'est un peu
mystérieux, aussi. Mais c'est exprès, j'imagine. Mylène
Farmer : Je sais pas si c'est important
d'avoir la notice d'emploi d'une chanson. Je crois qu'il y a des
personnes sur Maman
a tort, ce dont vous parliez, les personnes ont pris le
refrain, "J'aime les plaisirs impolis", d'autres "J'aime ce qu'on
m'interdit" et puis sinon c'était la petite comptine : "1,
Maman a tort…" et puis à chaque fois on prend des
éléments...
Marc Bessou
: Et donc on en fait ce qu'on en veut, finalement. C'est
self-service alors ? Mylène
Farmer : On en fait ce qu'on en veut,
absolument. Et c'est pour ça aussi que l'apport de l'image
pour les vidéoclips c'est encore quelque chose de nouveau,
c'est agrémenter une histoire.
Marc Bessou
: C'est ce qui illustre et c'est finalement à
travers ça qu'on comprend le but. Mylène
Farmer : Qu'on peut comprendre oui,
absolument.
Marc Bessou
: Ces vidéoclips, vous les réalisez,
enfin le mot n'est pas exact, vous y participez ? Mylène
Farmer : Activement, bien sûr.
Marc Bessou : Et
vous jouez un rôle vraiment décisif dans
l'illustration de l'histoire ? Mylène
Farmer : Oui, oui. Être
extérieure, ça je ne peux pas. Je travaille avec
Laurent quant au scénario, et puis après ma foi,
c'est lui qui fait...
Marc Bessou
: Vous dites : Laurent ? Mylène
Farmer : Laurent Boutonnat, donc.
Excusez-moi, je suis habituée de dire Laurent ! (rires)
Marc Bessou
: C'est si vous voulez qu'on comprenne, parce qu'on ne sait
pas tous : Laurent Boutonnat. Mylène
Farmer : Voilà, et puis
après c'est lui qui s'occupe du cinéma,
à proprement parler. Et puis après, c'est un
travail d'équipe.
Marc Bessou
: OK. C'est tout à fait gentil d'être
venue. D'ailleurs, vous savez que vous restez ! Parce que tout
à l'heure il y a les questions du minitel qui sont
posées. Mylène
Farmer : Oui, absolument ! (rires)
(...) Marc Bessou
s'entretient alors avec l'écrivain Pierre
Péan pour son livre Les chapelières,
dont l'action se situe pendant la Révolution.
Mylène interroge à nouveau Mylène
ensuite.
Marc Bessou : Le
lien me paraît amusant Mylène. Libertine, c'est datable de quand, ces
costumes, ces décors ? C'est un peu avant la
Révolution ? Mylène
Farmer : C'est le XVIIIème
siècle, oui, un peu avant la Révolution.
Marc Bessou
: C'est pas très loin, quand même, ce
climat de luxure qu'il y avait dans ce film-là et qui
précédait l'ouragan. Mylène
Farmer : Non...
L'entretien avec
Pierre Péan se poursuit puis diffusion
d'une chronique animalière sur les poissons rouges.
Marc Bessou
: Je voudrais savoir si, les uns et les autres, vous avez des
poissons rouges ! (...) Mylène
Farmer : Moi je peux vous raconter une
histoire sur deux petits poissons !
Marc Bessou : Ah
oui, oui, allez-y ! Racontez l'histoire ! Mylène
Farmer : Alors, c'est deux petits poissons,
rouges ou verts comme vous voulez, qui sont dans un bocal et y a un
petit poisson qui demande à son voisin : "Dieu existe-t-il
?" Le petit poisson qui réfléchit, qui fait trois
bulles et qui dit : "Et si Dieu n'existait pas, qui nous changerait
l'eau du bocal ?". Voilà ! (rires)
Marc Bessou
: Oh comme c'est touchant ! Vous en avez pas, vous, de
poissons, malgré l'histoire ? Mylène
Farmer : Non. Je n'aime pas
particulièrement les poissons !
Marc Bessou : Ah !
C'est franc !
(...) Poursuite de
l'émission avec notamment interviews
d'autres invités puis arrive la séquence des
questions posées par les télespectateurs via le
minitel.
Marc Bessou
: On va revenir à Mylène Farmer, donc,
pour la passer à tabac (nom de la rubrique, ndlr). Je prends
la matraque ! "Passage à tabac", Mylène Farmer !
C'est une façon de parler, hein, parce que c'est pas si
brutal que ça ! Ce sont donc les gens qui ont
posé des questions sur minitel (…) et je
me fais leur porte-voix. Alors, une première question : on
vous demande pourquoi dans vos clips vous êtes toujours si
provocatrice, s'il vous plaît ! Mylène
Farmer : Par goût de la
provocation. Voilà une phrase bien courte et très
pertinente! (rires)
Marc Bessou
: C'est pas mal ! Mylène
Farmer : Parce que j'aime provoquer et que
ce n'est pas mon seul but, mais c'est vrai que j'ai un goût
pour la provocation, comme certainement Pierre Péan, enfin
le goût des choses un peu choc.
Marc Bessou
: Donc c'est réussi, alors ! Mylène
Farmer : Merci !
Marc Bessou :
"Et-tu mariée ?", nous demande Tom. Mylène
Farmer : Non, je suis célibataire
et je vis avec un capucin, qui n'est pas un moine mais un petit singe !
Marc Bessou
: Quelle drôle d'idée ! Et ça
fait quelle taille, ça ? Mylène
Farmer : Ce capucin est grand comme
ça (elle montre la taille avec ses mains), une
très longue queue et à peu près le ton
de vos chaussures.
Marc Bessou : Ah je
vous remercie ! Mais quand elles sont cirées,
plutôt ! Mylène
Farmer : Qui ne sont pas cirées,
d'ailleurs ! (rires)
(...)
Marc Bessou :
D'autres questions ! Alors, on nous demande, ça c'est
peut-être un peu plus sévère :
"Avez-vous l'impression qu'il restera quelque chose, qu'on se
souviendra des chansons de Mylène Farmer dans quelques
années ?" Mylène
Farmer : Ça, c'est une question
à laquelle je ne saurais pas répondre.
Marc Bessou
: Mais est-ce que ça vous importe qu'il en reste
quelque chose ? Mylène
Farmer : À votre avis ? Si on fait ce
métier, c'est qu'on a envie d'y laisser quelques plumes et
quelques traces. Bien sûr ça m'importe ! Je vais
tout faire pour qu'on ne m'oublie pas ! (sourire)
Marc Bessou
: C'est bien ! Remarquez, la provocation est un peu
liée, d'ailleurs. Mylène
Farmer : Oui !
Marc Bessou
: Bon. On vous demande, ah ça je suppose que c'est
un homme, c'est dommage il a pas laissé son nom ! Il vous
demande quel type d'homme vous appréciez dans la vie. Mylène
Farmer : Quel type d'homme ? Je ne pense pas
avoir un type...
Marc Bessou
: Les capucins ? Mylène
Farmer : Les capucins ! (rires) Oui,
j'aurais pu répondre ça ! C'est encore une
question très difficile... J'aime plutôt, je
crois, les hommes dits intellectuels, entre guillemets.
Marc Bessou
: Nous sommes tout un groupe ici d'ailleurs qui correspond
parfaitement ! Mylène
Farmer : Je veux dire par là,
c'est vrai que je suis fascinée par les métiers
d'écrivain, journaliste... Mais c'est idiot comme portrait.
Je ne sais pas, je ne sais pas bien.
Marc Bessou
: Mais je crois qu'en réalité
c'était plus terre à terre, c'était
physiquement. Mylène
Farmer : Physiquement ? Alors,
plutôt grand, plutôt des cheveux longs et fournis...
Marc Bessou
: D'accord. Comme Bernard-Henri Lévy, alors par
exemple ? Mylène
Farmer : Cela n'engage que vous ! (rires)
Marc Bessou
: Très bien ! On vous demande si vous avez fait des
études. Mylène
Farmer : Oh, j'ai fait des
études, je suis allée jusqu'en fin de
première. Après, j'ai abandonné et
j'ai commencé l'équitation avec
assiduité. Et puis ensuite, je me suis tournée
vers le théâtre.
Marc Bessou
: OK. La toute dernière question : "Est-ce que ce
qu'on voit de vous c'est vous, ou est-ce que vous n'êtes pas
un peu préfabriquée ?", vous demande Laurence. Mylène
Farmer : Encore une question qui est
très étrange. Préfabriquée,
c'est difficile vous savez. Je pense qu'on peut être
préfabriqué sur un disque. Sur cinq disques plus
un album, c'est très difficile. Moi j'aime ce que je fais et
j'aime ce que je propose et j'essaye d'aimer ce que je suis. Donc au
diable la préfabrication ! (sourire)
Marc Bessou
: Parfait, belle conclusion ! Merci ! Mylène
Farmer : Merci à vous.
C'était pas trop dur quand même ! (rires)
(...)
Marc Bessou
: Vous peignez pas un petit peu, vous Mylène Farmer
? Mylène
Farmer : Un petit peu... Peindre, non. Je
dessine volontiers avec des pastels.
Marc Bessou
: Qu'est-ce que vous faites alors pendant les
périodes d'inactivité ? Mylène
Farmer : Des choses très
étranges. Dans le domaine du dessin, vous parlez ?
Marc Bessou
: Oui, oui ! Mylène
Farmer : Oui, des choses
étranges. Ça, c'est encore plus difficile pour
moi à exprimer.
Marc Bessou
: Bien sûr, oui. Y a des personnages, par contre ? Mylène
Farmer : Moi j'ai une fascination pour les
insectes, donc y a des insectes un peu bizarres. Sinon, des choses qui
ne veulent rien dire !
Marc Bessou
: Bon. Enfin qui veulent sûrement dire quelque
chose, faudrait peut-être s'y pencher... On n'a pas le temps,
là... Mylène
Farmer : Nous n'avons pas le temps !
(sourire)
(...)
Marc Bessou
: Au fait, quand est-ce qu'on vous voit sur scène
avec les danseuses ? Mylène
Farmer : Pas encore. Je vais
préparer un prochain album pour septembre, octobre et puis
après, nous penserons scène.
Marc Bessou
: Qui vivra, verra ! Mylène
Farmer : Absolument.
Source
retranscription : Inside Of - Référentiel des
télés - Editions Why Not.