Christian Ouvrier :
Cendres
de
lune est
sorti il y a maintenant six
mois. Le premier album est une étape importante...
Mylène Farmer : C'est vrai, cela permet de sortir de l'image
désuète de chanteuse de 45 tours. Pour moi, il
était très important de faire cet album.
Avec Cendres de
lune, j'ai essayé
d'étonner les gens. C'est d'autant plus
nécessaire qu'il est très difficile de s'imposer
actuellement. Il a été salué par
quelques chroniques élogieuses. Avec l'accueil de Cendres de lune et
le succès du simple Libertine, j'ai
maintenant la certitude de
pouvoir faire un nouvel album...
Christian Ouvrier :
Outre Libertine, on retrouve dans cet
album Maman a tort et Plus Grandir, alors que ton
deuxième 45 tours n'y figure pas... Mylène Farmer : On est tous des
imbéciles
ne
figure pas sur l'album pour des raisons contractuelles dues en fait
à mon changement de maison de disques (après deux
45
tours Mylène Farmer quitta RCA pour Polydor). C'est une
chanson
que
j'aime toujours, et si nous n'avions pas eu ces problèmes,
elle aurait figuré sur l'album. Christian Ouvrier :
Bien que le public ne le connaisse pas, Laurent Boutonnat joue un
rôle déterminant dans ta carrière :
auteur-compositeur, producteur, réalisateur de l'album et du
clip, photographe même... Serait-il pour toi, ce que (par
exemple) Michel Berger est à France Gall ? Mylène Farmer : Ça, c'est le genre
de fantasmes de journalistes ! A partir du moment
où il y a une association homme / femme, les gens peuvent
effectivement faire des comparaisons avec des situations
déjà existantes... Mais ce n'est pas mon
problème ! Tout ce que je peux dire, c'est que nous avons,
Laurent Boutonnat et moi, beaucoup de points communs. Christian Ouvrier :
Cela ne t'empêche pas de signer parfois certains titres.
Penses-tu écrire de plus en plus souvent ? Mylène Farmer :
Je ne sais pas... J'avoue que je ne fais pas ce genre de calculs,
c'est une démarche qui ne se programme pas. Christian Ouvrier :
La façon dont tu as défendu Libertine à
la télévision t'a
donné une image sexy et provocante. Vas-tu entretenir cette
image ? Mylène Farmer :
Libertine n'est qu'une chanson de l'album.
Les autres, bien que formant une certaine unité, sont assez
différentes. Divers paramètres ont fait que,
d'une
part, Libertine
a fait l'objet d'un 45 tours, et
que, d'autre part, elle est devenue un succès, me donnant
ainsi cette image. Elle devrait néanmoins changer, car mon
prochain titre sera radicalement différent. Christian Ouvrier :
Ecoutes-tu les disques de tes consoeurs, et peuvent-ils être
parfois sources d'inspiration ? Mylène Farmer :
Non, je n'écoute pas particulièrement les
disques d'autres chanteuses, excepté celui des Rita
Mitsouko, que j'aime beaucoup. Je crois qu'il ne faut pas trop se
préoccuper de son voisin, il faut croire en soi et foncer.
Quant à l'inspiration, on peut la puiser ailleurs que dans
les chansons des autres... Christian Ouvrier :
Parmi les longues carrières féminines (Hardy,
Vartan, Sheila ou Gall…), il y en a-t-il une qui t'inspire,
qui
te fasse rêver ? Mylène
Farmer : Non, pas vraiment. On
peut effectivement espérer suivre le
cheminement ou connaître la longévité
de telle ou telle artiste, mais plus rien n'est comparable, le
métier a profondément changé en
quelques années. Et puis, personnellement, je pense qu'il
vaut mieux "faire" dix années
performantes, que vingt chaotiques... Christian Ouvrier :
Penses-tu à la scène ? Mylène Farmer :
Oui, mais c'est encore prématuré pour
l'instant. Je n'ai pas un nombre suffisant de chansons. Lorsque j'aurai
à mon actif deux ou trois albums, peut-être...
J'ai l'esprit "gladiateur", mais faire de la
scène ne s'improvise pas. C'est une entreprise qui
nécessite une longue préparation et beaucoup de
travail afin de réduire au maximum les risques
d'échec. Christian Ouvrier :
Enfin, question quasiment incontournable : les projets ? Mylène Farmer :
Un nouveau 45 tours pour le début de l'année, un
clip, et après, c'est l'inconnu...