30 mai 1996 – 79

Quand je pense à « privilégiés », je pense souvent à des enfants, par exemple des enfants dans les hôpitaux que je vais voir de temps en temps et à chaque fois que j’ai envie de me plaindre, par exemple, je pense immédiatement à ces enfants et je me dis : « Bon sang, la vie est courte. Eux ont une vraie, vraie souffrance. » Elle n’est peut-être pas métaphysique, mais c’est une souffrance qui est profonde et qui est pour, peut-être, leur vie entière. Et, dans le fond, je ne m’autorise pas à être plus triste que ça, ou plus désarmée que ça. Ce qui n’empêche pas la fêlure, mais qui vous donne envie de vous battre un peu plus vivement en tout cas.