NRJ : Attachez vos
oreilles à la radio puisque Mylène nous fait
l'honneur d'être là jusqu'à 20 heures.
Tout va bien
Mylène ?
Mylène Farmer : Très bien !
Après
quatre ans d'absence est-ce que Mylène Farmer a
changé, et surtout, en fait, comment est la nouvelle ?
Je pense que c'est toujours la même. J'ai
beaucoup voyagé, découvert de nouvelles
personnes, de nouvelles contrées.
Et
qu'est-ce qui a changé dans votre
manière de travailler ?
Je travaille... J'aime toujours autant le travail. Là
encore,
je crois que c'est la même.
C'est la
même. Alors, il faut savoir que dès que L'Âme-Stram-Gram
est sorti chez les disquaires il y a quelques
semaines, il s'est classé directement à
la deuxième place des ventes. Comment vous avez
vécu la surprise de ce nouveau succès
après quatre ans d'absence, puisque
c'était quand même un vrai challenge ?
C'est toujours une angoisse énorme...
C'est vrai ?
... et une grande
surprise et j'avoue que je suis très heureuse.
Comment vous
attendez la sortie demain de l'album ?
Très angoissée aussi ! (rires)
Quelle
émotion vous avez voulu faire passer à
travers L'Âme-Stram-Gram,
qu'on vient d'écouter ?
J'ai tenté d'évoquer
l'idée de la confidence, du secret, de la
confession ; l'idée de l'autre tout
simplement. Son double, peut-être. En tout cas, une oreille
amie.
Je me demandais
d'ailleurs où est-ce que vous aviez
écrit L'Âme-Stram-Gram.
Dans quelles conditions ? Vous vous rappelez, non ?
C'était à Los Angeles, comme l'album
précédent, dans une maison, dans une chambre et
toute seule. (rires)
Toute seule ! Vous
travaillez toujours toute seule ?
Quand j'écris, oui, absolument.
Les auditeurs de
NRJ vont se rendre compte ce soir que l'album est
très complet parce qu'on va écouter
quelques-unes des treize chansons qui y figurent. Ça a du
quand même dur de faire un choix et de désigner le
premier extrait. Comment vous l'avez choisi ? Pourquoi
celui-là ? "Ame-Stram-Gram Pique et pique..."
Ecoutez, étrangement je crois que c'est assez
spontané. Laurent et moi-même avons
décidé que ça allait être
cet extrait. Voilà ! (rires)
D'accord.
On parlera des clips tout à l'heure.
Quand est-ce que vous avez eu l'idée du
scénario, en fait, du clip de L'Âme-Stram-Gram
?
J'avais envie de fantômes, j'avais envie
de surnaturel, j'avais envie d'une sœur
jumelle et, ma foi, je me suis penchée sur le
problème et j'ai écrit le
scénario. J'ai travaillé avec une
personne. Et puis, après nous l'avons soumis
à un metteur en scène chinois qui a
réalisé quinze longs-métrages, qui est
très, très connu dans son pays et qui est un peu
connu ici, mais plus par les cinéphiles pour
Histoires de
fantômes chinois - il a fait trois parties - et
c'est magnifique.
Exactement. On en
parlera plus longuement tout à l'heure. Alors, la
musique de
L'Âme-Stram-Gram est signée
Laurent Boutonnat. C'est la personne qui est à vos
côtés depuis le début de
l'aventure, je crois...
Le tout début.
D'ailleurs,
il s'est occupé d'un peu plus de la
moitié des musiques sur l'album...
Oui.
Le reste, c'est
vous. Comment vous travaillez ensemble ?
Est-ce que vous écrivez les textes d'abord et lui
accorde la musique dessus ou c'est l'inverse ?
Ça a toujours été la musique
d'abord et puis, après moi je viens me greffer
dessus et puis surtout trouver le... comment dirais-je...
J'ai un trou ! (rires)
C'est pas
grave !
La mélodie, pardon... La mélodie de voix.
Ça a
toujours été comme ça et
c'est le cas pour L'Âme-Stram-Gram,
alors ?
Oui ! Absolument !
Voilà,
on va revenir de suite. C'est vrai que les auditeurs
connaissent déjà par cœur L'Âme-Stram-Gram.
En revanche ils ne connaissent pas du tout les autres chansons de
l'album et c'est normal : c'est le
principe de l'émission de ce soir. On le découvre
ensemble, il sort demain. Je sais que les
auditeurs sont
impatients, par exemple, de découvrir par exemple le
titre Pas le temps
de vivre
qu'on va écouter dans un instant.
Mylène, vous me promettez de rester là
jusqu'à 20 heures ?
Je le promets !
Ça
marche. A tout de suite !
Diffusion de
Pas
le Temps de Vivre
Merci d'être
avec nous, Mylène ! J'aimerais qu'on
parle justement de cet album qui est attendu avec un engouement
extraordinaire par les fans. Après quatre ans de patience,
ils vont se jeter dessus demain, je le sais. Alors,
déjà : message à tous les fans qui
écoutent, je sais qu'ils sont
très nombreux, je décris la pochette : on vous
voit, Mylène, au dessus d'une cage dont la porte
est ouverte. Il y a de l'eau au pied de la cage. Vous
êtes habillée en blanc, recroquevillée
sur vous-même. On peut imaginer diverses significations mais
vous avez voulu exprimer quoi ?
L'idée, c'est justement qu'on
peut imaginer beaucoup de significations. (rires de l'animateur)
C'est
réussi !
J'ai tenté, là, d'exprimer
ou une certaine envolée, en tout cas
l'idée du choc amoureux, tomber amoureux et
ça peut vous porter vers le haut comme ça peut
vous porter vers le bas.
Combien il vous a
fallu de temps pour écrire cet album ?
J'ai l'impression qu'on a mis un petit
peu plus de temps. Je crois six mois.
Six mois ? Et
quelles ont été les difficultés pour
l'écrire ?
Je ne sais pas si c'est en terme de difficultés,
mais c'est vrai que j'ai mis, moi, plus de temps
pour l'écriture. Peut-être que je me
suis... je ne sais pas. J'avais besoin de prendre mon
temps, en tout cas. Il y avait des choses qui avaient sans doute besoin
de sortir de moi. Donc, c'est un peu plus long, un peu plus
douloureux parfois.
Alors, comment on
fait justement pour sortir d'une panne
d'inspiration ?
Il faut quitter son papier et sa plume et découvrir
d'autres choses pour faire autre chose et y revenir.
Ça vous
est arrivé pour cet album ?
Oh, oui ! Oui, oui.
Pour qui vous
seriez prête à écrire ?
Prête à écrire ? Là, comme
ça, a brûle-pourpoint, je ne sais pas.
J'aime beaucoup Polnareff.
Alors, avec qui
vous
aimeriez chanter, plutôt ?
Là encore... (rires)
Là
encore... Très
bien !
Diffusion de
Optimistique-moi
puis
Dessine-moi
un mouton
L'album
sortira demain. Il est composé de treize chansons.
D'ailleurs, Mylène, pourquoi treize ? Est-ce que
vous êtes superstitieuse ?
J'évite de l'être ! (rires)
Mais
c'est un hasard ?
Treize chansons ?
Non, c'est un choix, dans le fond.
On remarque que
dans vos chansons, vos clips, il y a de temps à autre du
paranormal, des fantômes etc. Alors, est-ce que c'est de
l'imagination pour vous ou est-ce que c'est de la
réalité ?
C'est un petit peu des deux mais j'aime
développer l'imaginaire, j'aime
m'envoler, j'aime rêver, j'aime
réfléchir. Oui, ça fait partie de mes
thèmes de prédilection.
Il y a une chanson
sur l'album, justement, qui s'intitule Mylenium. Comment vous imaginiez
l'an 2000 plus jeune ?
Soucoupes volantes, des robots... (rires)
Ça
représente quoi aujourd'hui pour vous, alors ?
Un passage difficile, en tout cas, 99. On ne peut pas
s'empêcher d'ignorer la guerre et
c'est vrai que l'événement
ici qui me concerne, c'est la sortie d'un album, et
j'avoue que c'est toujours... qu'il y a un décalage, quelque
chose qui m'oppresse un peu.
Vous vous
intéressez à l'actualité ?
On ne peut pas ignorer cette actualité en tout cas.
On parlait du 31
décembre 99. Qu'est-ce
que vous allez faire, le 31 décembre 1999 ?
Rien ! (rires)
Rien ?
Enfermée dans un... ?
Surtout rien !
On parle justement
du futur. Est-ce que quand on est une artiste aussi connue, aussi au
top, on peut se permettre d'improviser ? Est-ce que vous
planifiez tout ou est-ce que...
Quant à quoi ?
Quand on est une
artiste aussi connue...
Non. L'improvisation ?
Ah oui ! Je ne sais
pas. Au
niveau de la carrière, au niveau de la sortie d'un
disque, au niveau, je ne sais pas, de vos apparitions...
Non. Mais je crois que vous le savez. (petit rire) J'aime
l'improvisation, mais c'est vrai que ça,
ce sont des choses qui sont extrêmement calibrées.
De même, on me parle de l'improvisation sur
scène. J'aime la
spontanéité, ça, c'est
extrêmement important. Mais il faut une somme de travail
à l'avant qui est très importante.
Quinze ans de
carrière : comment on fait dans ce métier pour
durer ?
Avoir un public qui vous aime.
Quand on est une
star comme vous, qu'aujourd'hui on n'a
plus rien à prouver, qu'est-ce qui vous motive ?
Je ne sais pas si c'est en terme de motivation.
C'est plus un besoin, quelque chose qui est fondamental pour
moi. J'allais dire : "j'ai choisi ce
métier". Non. Je crois que c'est ce
métier qui m'a choisie. J'ai besoin de
ça. J'ai besoin de parler au travers de mes
chansons, de dialoguer.
Et vous pensez
justement quand vous écrivez vos chansons aux gens qui vont
les écouter ?
Très honnêtement, non. Quand
j'écris, je pense d'abord à
ce que je raconte. J'essaye d'y mettre
moi-même. Et puis, dans un deuxième temps, mais
c'est plus dans des instants comme dans une radio
qu'on a une perception qui est tout à fait
différente que dans un studio quand on est en mixage. Mais
l'autre, je crois, dans le fond est omniprésent.
Mais est-ce que
vous pensez éventuellement, justement, à la
façon dont vos paroles vont être
interprétées par les fans ?
Non, parce que là encore, ce n'est pas une
préméditation. Une fois que la chanson est
écrite, une fois qu'elle est
interprétée, je peux, là, envisager,
parfois, pas tout le temps, l'émotion que
ça peut procurer ou, en tout cas, une
idée justement de correspondance ou de dialogue.
On a
parlé justement des fans. On a reçu
énormément de questions par minitel, questions
des auditeurs, bien évidemment. C'est vrai que
vous marchez très, très fort dans tous les pays
francophones mais les auditeurs voudraient savoir si vous projetez de
faire une carrière dans d'autres pays en Europe,
aux Etats-Unis ?
Ecoutez, jusqu'à présent j'ai
toujours refusé, ou je me suis refusée
d'envisager d'écrire
différemment qu'en français. Donc, la
réponse immédiate serait : non. Non. On est
parfois
tenté parce que c'est vrai qu'on
voudrait le monde pour soi. J'ai déjà
un cadeau merveilleux. Donc, pour l'instant je vais
m'en contenter.
Diffusion de
California
Ça fait
quoi aujourd'hui de vous entendre à la radio ?
C'est toujours surprenant d'entendre sa voix. Mais
je la préfère chantée que
parlée. (rires)
Ah bon ? Puisqu'on
est dans la musique, qu'est-ce que vous écoutez
tranquillement à la maison ? Est-ce que ça
ressemble à ce que vous faites ?
Non, pas nécessairement. J'aime écouter
Puff Daddy. J'aime Radiohead.
C'est
quoi les recettes pour vous changer les idées, vous
détendre complètement ?
Je crois que je ne sais pas me détendre !
Vous
n'êtes pas détendue, là ?
Pas totalement ! (rires)
Qu'est-ce
qui vous fait rire ?
Enormément de choses. Des choses qui sont tout à
fait bêtes, probablement. J'aime, j'aime... les jeux, dans
le fond. Oui... des choses enfantines.
D'ailleurs,
ce qui est important aussi chez Mylène, c'est
l'image. La seule manière de la voir, sauf
exception, c'est dans les clips. J'ai envie
justement qu'on parle du nouveau, celui de L'Âme-Stram-Gram ,
clip qui a donc été tourné en Chine,
mis en boîte par l'un des meilleurs
réalisateurs chinois. Comme
d'habitude, c'est un véritable petit
film vachement bien foutu...
Oui. Là, j'ai souhaité revenir
à une histoire plus longue.
Huit minutes, je
crois, exactement...
Oui.
Vous avez
écrit le scénario. Alors,
déjà, pourquoi la Chine et pourquoi ce
réalisateur ?
Parce que là encore, j'avais, comme je
l'ai dit précédemment, envie de parler
de fantômes et de choses extraordinaires. Et, quand
j'ai commencé d'écrire cette histoire,
j'ai
cherché des réalisateurs et puis,
voilà, j'ai découvert ce
réalisateur chinois qui s'appelle Ching Siu Tung et qui
était lui-même en pleine
réalisation d'un long-métrage, terminait un long
métrage. Et on est allé le
chercher jusqu'en Chine populaire.
Jusqu'au
bout du monde !
Nous l'avons trouvé !
On va parler
justement des conditions de tournage. Ça a duré,
je crois, cinq ou six jours...
Cinq jours de tournage.
Cinq jours...
C'était
quoi les difficultés ?
Nous avons travaillé énormément. Vingt
heures, parfois, sans interruption. Les conditions
atmosphériques étaient difficiles.
J'avais un changement permanent de costumes mais
c'était passionnant. C'est le plus
important.
Dans chaque clip,
on y retrouve de l'amour, de la guerre. Est-ce que
l'un ne va pas sans l'autre ? Est-ce
qu'il n'existe pas d'amour paisible ?
Je ne sais pas. Pour vous... Qu'en pensez-vous ? (rires)
Non, moi je ne sais
pas... Mais, c'est vrai que dans chaque clip il y a de
l'amour, il y a de la guerre, donc... c'est voulu...
Il y a toujours des sentiments en tout cas violents, oui, pas
d'indifférence.
Est-ce que vous
avez déjà des idées pour les prochains
clips ?
Des choses qui commencent à émerger, oui ! (rires)
Diffusion de
Je te rends
ton Amour
Je te rends ton Amour.
Mylène, vous venez de m’avouer hors antenne que
c’était votre titre
préféré...
Ecoutez,
si on me pose l’idiote question :
"Que voudriez-vous emmener si vous deviez aller sur une île
déserte", je crois que c'est cette chanson, je crois que
c’est celle que je préfère depuis que
je fais ce métier.
Mylène,
je sais que s'il y a bien quelque chose
que les fans attendent avec impatience autant que l'album,
c'est le Mylenium
Tour,
concert explosif que vous préparez pour
septembre. Alors, justement, aujourd'hui on ne
connaît pas grand chose de cette tournée.
Où est-ce que vous en êtes ? Est-ce que tout est
prêt ou est-ce que vous continuez à bosser dessus ?
Je commence à travailler dessus. (rires)
Vous commencez...
Dans vos concerts, on retrouve toujours des chorégraphies
à la hauteur des clips. Qu'est-ce que vous
préparez pour cette tournée de ce
côté-là ?
Difficile de dévoiler les choses. Ce sera un spectacle et,
j'espère, de l'émotion.
Est-ce que vous
comptez passer en province ?
Bien sûr !
On parle de
projets, maintenant, parce que j'imagine que votre emploi du
temps doit être un petit peu démentiel, en ce
moment. Est-ce que vous prévoyez d'essayer
à nouveau d'autres horizons ? Je pense par exemple
au cinéma, parce que je sais que vous recevez encore
beaucoup de scénarios.
Ecoutez, pour l'instant, je n'y pense pas. Je vais
faire cette tournée, c'est ce qui
m'importe.
C'est
quoi le message pour tous les fans et tous les auditeurs de NRJ qui
vous écoutent ?
Oh ! Je n'ai pas de message. Mais, en tout cas, je leur dis
bonjour.
Vous faites donc un
come-back avec succès après quatre ans
d'absence. Aujourd'hui, qu'est-ce qui
vous manque ?
Tout !
Tout ? Par exemple ?
Ce serait trop indiscret ! (rires)
Dernière
question. On dit souvent
qu'écrire, c'est comme une
thérapie, comme pour se guérir de quelque chose.
Vous vous êtes guérie de quoi pour cet album,
en écrivant cet album ?
Ecoutez, malheureusement, je n'ai pas l'impression
d'être guérie de quoi que ce soit.
D'être plutôt plus tourmentée
que d'habitude...
Ah bon ?
Je ne sais pas. En vieillissant, je ne m'assagis pas. (rires)
Et, sur ces
derniers
mots, je vous remercie énormément.
Merci à vous !